BÉKAME
Deuxième partie

En 2002, tandis qu’au centre de Sangatte, les nombreux migrants en attente de passer au Royaume-Uni s’affrontent amicalement dans un tournoi de foot, Assane cherche désespérément dans la cité portuaire son petit protégé Bilel alias Bekame. Ce dernier, exilé clandestin algérien, a enfin retrouvé son grand frère Ahmed et découvert, par là-même, le trafic auquel il s’adonne. Adoptant obligatoirement les méthodes brutales de son frère et en attendant le moment opportun pour franchir la Manche, Bilel partage alors son quotidien de passeur, un quotidien sournois et inhumain qui les oblige à agir au jour le jour dans une illégalité flagrante. Malheureusement, cette complicité entre les deux frères est loin de plaire à Serge, l’associé à Ahmed, qui, craignant pour leur activité clandestine, ne tarde pas à s’occuper personnellement de son cas. Sa façon de faire va précipiter le mouvement et pousser les deux frères à se faire remarquer par la police.

Par phibes, le 18 août 2014

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Notre avis sur BÉKAME #2 – Deuxième partie

Toujours fortement inspiré par son passé de photographe de presse, Aurélien Ducoudray vient ici livrer la suite et fin de l’histoire dédiée à son petit protégé, Bilel, jeune réfugié clandestin amateur de foot et en quête de son frère aîné. Après un premier tome pour le moins attachant qui aboutissait sur les retrouvailles inquiétantes des deux frères, le scénariste replonge dans le quotidien misérable de son petit héros, cette fois-ci au rythme des activités illicites du grand frère.

Comme la précédente, il ne fait aucun doute que cette seconde partie repose une fois de plus sur les souvenirs dramatiques qu’Aurélien Ducoudray a su conserver de ses nombreux reportages en tant que photographe de presse. Ici, ce dernier dénonce, certes sans excès mais avec assez de précision, un fait de société malheureux, celui concernant l’immigration clandestine. Grâce au parcours de Bilel, de son frère Ahmed et de quelques seconds rôles, l’on découvre la face cachée d’un trafic inhumain de personnes qui cherchent par tous les moyens de rejoindre l’Angleterre.

L’évocation reste toujours aussi généreuse, d’une grande simplicité, souvent imparable et remarquablement attachante. Cette dernière virevolte au gré des pérégrinations du petit Bilel qui se voit, malgré lui, pris dans une tourmente aventureuse douloureuse. A cet égard, le scénariste lui fait vivre des situations pour le moins frémissantes, entre espoir et déconvenue dans des conditions souvent limites, avec un final plein d’émotivité.

La partie graphique, assurée par un Jeff Pourquié en grande forme, bénéficie d’une authenticité rafraîchissante. Assurément, le coup de crayon qui s’inspire d’éléments réels, se veut direct et aux effets légèrement tourmentés. Relevé par une colorisation qui campe les différentes ambiances, le dessin reste, de fait, d’un abord très agréable et seconde parfaitement l’histoire. A ce titre, l’on conviendra que les personnages bénéficient d’une effigie travaillée qui a pour conséquence d’éveiller toute sorte d’émotion.

Une fin de diptyque superbement orchestrée qui donne à l’ensemble un intérêt pour le moins convaincant. Une histoire dans l’air du temps des plus vibrantes de part sa dimension humaine.

Par Phibes, le 18 août 2014

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