Bellem

En Belgique de l’an 1750, le jeune Bellem se voit abandonné par sa mère aux portes du château Reinhardstein. Après un brin de toilette, il est conduit auprès du maître des lieux, le Marquis de Vauban auquel il remet une lettre écrite par la fée Mélusine l’informant que Bellem est le produit de leur union passée. L’aristocrate décide toutefois de l’accueillir. Bellem fait la connaissance de la fille de celui-ci, Marie-Charlotte avec laquelle une réelle complicité naît. Considéré comme possédé par le démon, il est pris en charge par le prêtre local Lobet qui tente de lui inculquer les préceptes religieux mais sans résultat. L’enfant ne tarde pas faire preuve d’effronterie tout en s’intéressant à l’histoire fantastique de la famille de ces hauts-lieux. Eu égard à son comportement atypique, l’évêque venu en visite incite le Marquis de Vauban à faire envoyer Bellem au monastère de Malmedy pour bénéficier d’une instruction stricte. Mais cette initiative éducative échoue lamentablement par la fuite du garçon de l’institution. Bellem décide alors de se réfugier dans la forêt tout en restant fidèle à Marie-Charlotte en lui rendant visite tous les samedis. Un jour, lors d’une balade, il tombe sur une créature cornue qui lui propose de bénéficier de pouvoirs. Est-ce que Bellem serait frappé de la main du Malin ?

Par phibes, le 7 décembre 2022

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Notre avis sur Bellem

Grand conteur dans l’âme, Jean-Claude Servais revient sur les étalages pour une nouvelle histoire telle qu’il sait les réaliser. S’inspirant des légendes ardennaises comme il a déjà pu le faire dans d’autres ouvrages précédents (l’Almanach, la Tchalette…), l’auteur se fait fort ici de se nourrir d’autres mythes et chanson de geste ainsi que de lieux historiques tel le Burg Reinhardstein pour construire ce nouveau récit fantastique.

L’occasion nous est donc donnée de découvrir Bellem, un garçon à la destinée on ne peut plus hors norme qui a la particularité de descendre d’une lignée mythique et qui, par ce biais, est appelé tel un sorcier à bénéficier de certains pouvoirs. Tel un conte aux accents adultes, Jean-Claude Servais évoque le parcours de ce personnage singulier qui va partager son existence avec Marie-Charlotte, la fille d’un aristocrate. Très différents l’un de l’autre caractériellement parlant, ils n’en demeurent pas moins complémentaires et à ce titre, le charme de leur relation tourmentée au long cours opère agréablement.

On reste toutefois suspendu à une narration classique, saupoudrée de partage, de rencontres surnaturelles et de sentiments généreux qui, malgré tout, donnent une belle tonalité à l’ouvrage, telle que sait le mettre en avant l’auteur. On en ressort un tantinet touché par les péripéties vécues par les deux personnages principaux, par leur complicité, par leur attirance et par leurs agissements communs et on se pose la question de la nature de leur relation : amour fraternel ou amour passionné ?

Evidemment, on ne peut une fois de plus rester de marbre face à la superbe mise en images de Jean-Claude Servais. Ce dernier nous offre un travail réaliste d’une grande finesse et d’une colorisation servie par Raives des plus abouties. Passant sous son coup de crayon incisif, la forêt ardennaise rayonne par sa luxuriance te sa beauté et ses personnages demeurent des plus concluants dans leur représentation généreuse.

Une belle histoire classique aux accents fantastiques qui pourrait s’apparenter à un conte orchestré par un maître du genre.

Par Phibes, le 7 décembre 2022

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