BELLEVILLE STORY
Avant minuit

Freddy est l’homme de main d’un truand, petit maquereau de l’un des quartiers les plus populaires de Paris : Belleville. Ce soir là, il livre à d’autres malfrats un camion de ce qu’il croit être des téléviseurs. Mais le véhicule est finalement remplit de sans papiers chinois. S’ensuit l’altercation et les échanges de tirs avec le client mécontent.

Pour se racheter vis-à-vis du mafieux déçu, Freddy doit alors remplir une mission : éliminer un Chinois, M. Zhu, qui vient tout juste d’atterrir à Roissy. S’il n’obéit pas, sa petite amie sera tuée. Mais quelle menace représente donc ce quinquagénaire pour les bandits des bas quartiers parisiens ?

Par legoffe, le 16 juin 2010

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2 avis sur BELLEVILLE STORY #1 – Avant minuit

Cette histoire, prévue en deux albums, raconte une aventure qui se déroule dans les quartiers très populaires de Paris, le temps d’une seule nuit. Mais une nuit mouvementée, théâtre des manigances de malfrats sans scrupules qui semblent être partout chez eux dans les ruelles et les commerces de Belleville. Mafieux d’origine chinoise, bars recevant régulièrement la visite d’une police en recherche de sans papiers… Les pages fourmillent de vies hétéroclites et souvent modestes.

Le personnage de ce polar n’est pas un beau héros, mais un homme de main, de ceux que l’on envoie récolter le fruit des rackets et le contrôle des prostituées. Pas un modèle, donc, loin de là. Mais les auteurs ne veulent pas entrer dans le scénario classique des bons et des méchants. Personne n’est clair dans ces rues étroites et leurs visages affichent des nuances au fur et à mesure que le soleil s’efface pour laisser la place à une nuit rythmée par les enseignes des bars et les phares du périph’.

Ainsi, Freddy a aussi ses points faibles comme, par exemple, son envie de comprendre sa mission (il faut parfois éviter de se poser trop de questions), ses doutes au moment de tuer ou son amour pour une prostituée avec laquelle il veut changer de vie.

En face, on trouve un Chinois fraîchement débarqué en France et dont on se demande quels sont les objectifs. Il paraît au premier abord un peu beauf, avec son bob de la Tour Eiffel et son sourire bienheureux qui ne le quitte jamais. Il intrigue inévitablement le lecteur et attise sa curiosité pour la suite du récit.

Cette plongée dans Belleville nous fait vraiment respirer l’air vicié de la capitale. On s’y croirait ! C’est même presque trop pour un montagnard comme moi… L’ensemble est assez sombre, mais pas sinistre. L’ambiance populaire est trop bien retranscrite en cela, grâce à un découpage intelligent et les dessins tout en mouvement de Vincent Perriot. J’étais très content de retrouver cet auteur de talent même si je trouve que ce milieu citadin et ces cases de tailles moyennes ne sont pas le cadre qui lui permet le mieux de s’exprimer. Ah, je repense encore à l’album Taïga Rouge et ces grands dessins devant lesquels je n’ai cessé de m’extasier… Quel dessinateur !
Ici, donc, moins d’espace, mais le style est toutefois maîtrisé et d’un dynamisme bien réel.

Si je parle de Taïga Rouge, c’est aussi pour préciser que le scénariste était déjà Malherbe et que ce dernier, avant de sortir Belleville Story en bande dessinée, l’a déjà réalisé en téléfilm, diffusé sur Arte en mars dernier (prix du meilleur téléfilm au Festival international de la fiction de la Rochelle 2009). Il sera donc intéressant de voir aussi ce film pour découvrir l’histoire de deux manières différentes.

Si vous aimez plonger dans les quartiers modestes et cosmopolites, en quête d’un polar faussement classique, vous apprécierez cet album qui sent bon le bitume et les bouches de métro.

Par Legoffe, le 16 juin 2010

Découvert avec le superbe premier tome de Taïga rouge, le duo d’auteurs Arnaud Malherbe et Vincent Perriot récidive avec Avant minuit, le premier volet de leur nouveau diptyque Belleville story.

Le récit est un polar noir, très noir même qui a pour cadre les bas-fonds parisiens du quartier de Belleville. Il s’inscrit dans la veine des histoires de Jean-Patrick Manchette dans le sens où le récit est socialement engagé, le ton y est dur mais de la dure réalité des choses, de la cruauté de la misère vraie. Le héros, Freddy, n’en est pas un, et sans non plus être un antihéros c’est peut-être tout simplement un homme qui au départ n’a pas eu la chance d’ « être bien né », n’a pas eu vraiment le choix… Aujourd’hui un choix s’offre à lui mais pas le temps de réfléchir, il faut saisir l’occasion quand elle se présente. En aura-t-il le cran ? Car faire un choix n’est jamais une chose simple, cela fait peur, et la peur inhibe, paralyse…

Arnaud Malherbe mène son récit avec beaucoup d’habileté et finesse. Il réussi à mêler le suspense et le dynamisme d’un polar endiablé à une histoire tourmentée d’hommes gangrénés par la misère. Violent et acéré, le ton n’en est pas moins d’une extrême justesse, et c’est ce qui donne véritablement toutes sa force au récit.
Le dessin de Vincent Perriot avec son trait vif et « moderne » inscrit bien le récit dans une problématique contemporaine. Des décors détaillés pour ancrés le récit dans le réel alternent avec un fond uni permettant de saisir pleinement toute la force émotionnelle d’une scène en particulier : du très beau travail ! Et sans oublier la mise en couleur d’Isabelle Merlet qui accompagne le dessin et installe cette « crasse » propre à la misère des peuples.

Sombre et crépusculaire, acerbe et pourtant sensible, ce premier tome de Belleville story est à ne pas manquer, vraiment !

Par melville, le 23 juin 2010

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