Bérézina

En 2012, Sylvain Tesson entreprend de refaire, 200 ans plus tard, la route de l’Empereur empruntée lors de la Retraite de Russie. C’est une épopée parfois rocambolesque qui s’engage, et qui va entrer en résonnance avec le destin tragique de la Grande Armée, fidèle jusqu’au bout à Napoléon.

Par v-degache, le 30 novembre 2021

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Notre avis sur Bérézina

Après avoir déjà adapté en 2019 Dans les forêts de Sibérie, Virgile Dureuil s’attaque à un autre récit de voyage de Sylvain Tesson, Bérézina (éditions Guérin, 2015). En side-car Ural, l’auteur de Sur les chemins noirs part sur les traces de l’Empereur, empruntant 200 ans plus tard le chemin parcouru lors de la Retraite de Russie de 1812. Accompagné du photographe Thomas Goisque, et de l’écrivain et voyageur Cédric Gras, bientôt rejoints par deux compagnons de route russes, ils vont ainsi effectuer le trajet Paris-Moscou, le long de ce chemin de mémoire, hanté par les morts de la Grande Armée.

On retrouve un Sylvain Tesson superstar, hologramme napoléonienne, tantôt pilote sans peur et sans reproche, tantôt séducteur irrésistible, sachant habilement se mettre en scène, et dont l’écriture et la posture peuvent quelque peu irriter le lecteur. Face à l’épopée de cette fine équipe, Virgile Dureuil nous propose une belle reconstitution des aventures tragiques de l’armée napoléonienne face au Général Hiver. Tous les épisodes attendus sont bien là : incendie de Moscou, agonie d’une armée de spectres, passage tragique sur la Bérézina, héroïsme de Ney, fuite finale du Petit Caporal avec le fidèle Caulaincourt vers Paris… et mis en parallèle avec l’aventure contemporaine de S. Tesson, sur des routes enneigées, et émaillée de différents pépins mécaniques !

Il faut reconnaitre à Sylvain Tesson son talent de conteur, sa faculté à bâtir des récits de voyages évocateurs, et ici rendant hommage aux rêves de grandeur d’un Empereur qui avait su rassembler et fédérer une Nation derrière une entreprise un peu folle, et terriblement mortifère.

Bérézina se lit avec beaucoup de plaisir, de préférence au coin du feu pour tenter de contrebalancer le froid qui imprègne les deux récits parallèles, bien servis par le dessin de Dureuil, autant appréciable dans la représentation des combats, que dans celle des paysages contemporains de ces villes d’une Europe de l’Est traversée 200 ans plus tard !

Par V. DEGACHE, le 30 novembre 2021

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