Bestioles

Mine de rien, en ouvrant cet album la première fois je me suis un peu laissé avoir par les dessins faussement naïfs. Très vite, néanmoins, on se rend compte d’une part que l’histoire est bien plus adulte qu’il n’y parait, mais surtout que ces dessins sont parfaits pour l’ambiance et le ton général (en plus on craque vite pour le trait d’Ohm).
Bestioles est donc à la fois très intriguant et passionnant. L’histoire est pleine de rebondissement et les personnages évoluent de façon très intéressante (surtout Luanne qui sort très vite de sa coquille et devient une véritable héroïne de BD au caractère très fort).
Alors sous des dehors de récit d’aventure, le scénario d’Hubert traite d’un certain nombre de thèmes liés à la nature ou à l’agression qu’il peut y avoir de la part de l’industrie. Mais ce qui est aussi assez bien vu, c’est que les personnages principaux échappent très tôt aux habituels schémas manichéens, la jeune Luanne, par exemple, bien que consciente de cette dualité entre l’industrie et la nature, n’hésite pas un instant à utiliser tout ça à son avantage pour s’en sortir, sans scrupules. Il y a donc une sorte de cynisme dans cette histoire, la morale est claire mais qui sont les véritables "vainqueurs" la dedans ?
Oui, c’est vrai, c’est un peu tendance de faire des projets pro-ecolo en ce moment, mais je trouve qu’ici c’est fait assez intelligemment (en plus Hubert alterne son intrigue principale avec un strip en bas de page, muet, ou l’on voit évoluer une "créature" dans cette forêt, on la voit être le témoin des exactions humaines, ce qui permet d’amener une sorte de regard parallèle très bien senti), avec beaucoup de justesse sans tomber dans le pathos naïf.
Une très bonne découverte de ce début d’année !

Par FredGri, le 21 janvier 2010