BIANCA CASTAFIORE : Celle qui rit de se voir si belle
Masculine par certains côtés mais forcément féminine et incontestablement femme dans une saga d’hommes, à la frontière entre élégance et vulgarité, tenant du camionneur rustre autant que de la sensible diva, vedette dont le narcissisme chanté a fini par déteindre sur le personnage, gentille et exubérante mais directive et sévère, « la Castafiore » est tout cela, à la croisée des chemins entre le rossignol et l’hippopotame, dans Les aventures de Tintin où elle fait son apparition dans l’album Le sceptre d’Ottokar.
Dès son entrée en scène elle campe un personnage redouté ; et ça la suivra jusqu’au bout. Elle réapparaîtra ensuite à différentes reprises dans la série, jamais très longtemps sauf dans l’album Les bijoux de la Castafiore dont elle sera l’épicentre.
Personnage gênant ou fascinant, horripilant ou touchant, elle fait partie des « seconds rôles principaux », comme on pourrait dire, dans l’œuvre de Hergé.
Par sylvestre, le 4 août 2024
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Univers :
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Sortie :
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ISBN :
9782494744158
Notre avis sur BIANCA CASTAFIORE : Celle qui rit de se voir si belle
Présentant Bianca Castafiore en commençant par disserter sur son apparition dans la série comme on conterait une histoire, Pierre Bénard analyse ensuite son personnage au fil des pages en de nombreux mais courts chapitres. Il y est bien sûr question, entre autres, de féminité, de musique ou d’opéra, mais pas que. On sent qu’il y a derrière le propos de l’auteur une solide culture générale ou de minutieuses recherches. De nombreuses références mythologiques, aussi.
On n’échappe pas à la liste des supputations quant à l’étymologie du nom et du prénom de la cantatrice. Rien que cet exercice introduit le fait que Bianca Castafiore est difficile à cerner. Elle sait être ambigüe, double, duale… Dans ce/son personnage, quelle est la part de Bianca et quelle est la part de Marguerite ? Bonne question ! Et comment doit-on la considérer, par exemple, dans sa relation avec le Capitaine Haddock ? Une étrangère ? Sa femme ? Sa mère ? Bonne question aussi !
Dans nos esprits comme dans sa vie, Bianca Castafiore est un personnage « poil à gratter » : on ne se débarrasse pas si facilement que ça d’elle. Faites-la sortir par la porte, elle reviendra par les haut-parleurs des postes à transistor ! Elle est hantante, en plus d’être chantante ! On dit ça parfois des ennemis récurrents comme Olrik dans Blake et Mortimer ou comme Rastapopoulos dans Les aventures de Tintin, qu’on ne peut pas se débarrasser facilement d’eux. Et pourtant, « la Castafiore » n’est pas une méchante. Ou bien elle est à la frontière entre le bien et le mal. Et c’est le souvenir qu’elle nous laissera dans l’inachevé Tintin et l’Alph’Art où elle apparaît fort peu sympathique ; mais cela sans qu’on puisse être certains à 100% qu’Hergé ne prévoyait pas plus tard de retourner la situation en sa faveur…
Avec ce Bianca Castafiore : Celle qui rit de se voir si belle, le catalogue des éditions 1000 Sabords s’épaissit en accordant à un autre personnage secondaire de la série Tintin plus d’importance qu’il n’en a peut-être jamais eue et ouvre la voie aux analyses castafioresques d’autres auteurs, comme pour s’assurer que jamais on n’arrêtera d’expertiser Tintin, dusse-ton pour cela s’adonner aussi à l’analyse des personnages satellites de la série.
Par Sylvestre, le 4 août 2024
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