Bienvenue dans la résistance

Fin 2019, Bill Jemas et Axel Alonso, deux anciens transfuges de Marvel, ont créé, avec d’autres partenaires, AWA (pour Artists, Writers & Artisans), une structure éditoriales sensée mettre davantage en avant la créativité de ses auteurs ! Au milieu de tous ces projets, il a été demandé à Michael Straczynki de mettre en place une sorte de série tournant autour d’un univers partagé qui pourrait ensuite donner lieu à d’autres mini-séries s’inscrivant dans le même cadre pandémique, avec des super-humains dotés de pouvoirs extra-ordinaires !

Et s’il faut bien reconnaître que l’idée qui porte cette nouvelle série fonctionne parfaitement bien, que le scénariste a réellement creusé le fond, avec ses multiples implications, on ne peut s’empêcher de repenser à Rising star et cette façon d’animer un univers ou les super humains s’impliqueraient davantage et différemment dans le monde dans lequel ils évoluent. Car c’est bien le propos, comment animer un univers qui verrait soudain émerger une forte population d’hommes et de femmes dotés de super pouvoirs ? Le propos est ambitieux, Straczynski pousse très loin son analyse en mettant en avant la récupération des états et leurs dérives sécuritaires qui les amènent à considérer désormais comme des menaces ces marginaux surpuissants ! Tout en s’interrogeant sur le comportement que l’on pourrait avoir si nous aussi on avait des facultés accrues… !

La démonstration est vraiment pertinente et soulève des questions qui ont le mérite de faire réfléchir, en dehors du parallèle pandémique que l’on peut tout de suite faire avec notre situation actuelle. Néanmoins, la proposition de Straczynski tranche avec le traitement habituel d’un comics de méta-humain qui a tendance à mettre de côté l’aspect sociétal pour davantage se concentrer sur des remous nombrilistes et bellicistes. Cette fois, il contextualise, met en perspective et réfléchit aux incidences.
En contre partie, le concept est documenté, mais son aspect technique ajoute aussi une sorte de vernis froid et déshumanisant à l’ensemble. L’effet est amplifié par le traitement à base de modélisation 3D de Deodato qui, de plus, propose un encrage souvent trop rapide, trop brut, même si très contrasté aussi ! Il aurait certainement fallu un artiste plus "habité", moins froid, pour entraîner le récit vers des pistes plus enthousiasmantes !

Au final, un album qui intrigue, qui donne très envie de voir vers ou il nous entraînera ensuite !

Par FredGri, le 25 avril 2021