Billy Lavigne
Texas, 1893.
Billy est effondré. Sa mère est morte noyée alors qu’il convoyait un troupeau loin de chez eux. Il n’a même pas pu assister à l’enterrement. Mais il valait peut-être mieux car les habitants du village n’ont pas voulu d’elle près de l’église. L’ancienne institutrice, victime de ragots, jusqu’à sa tombe…
Les deux protecteurs de Billy se sont occupés de tout. IL y a Ford, le plus gros éleveur de la vallée, et Thorpe, ancien ranger, très proche de Ford. Ils ont tout vécu ensemble. Ils ont aussi aimé tous les deux la mère de Billy. L’un d’eux ne serait-il pas son père, d’ailleurs ?
En tout cas, ils espèrent offrir au talentueux cow-boy un avenir, à lui qui n’a plus de passé. Mais le jeune homme se sent révolté. En premier lieu, il veut savoir ce qui est vraiment arrivé à sa mère. Le récit de la seule personne qui était avec elle au moment du drame semble cacher des zones d’ombre.
Par legoffe, le 4 mars 2025
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Scénariste :
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dessinateur :
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Coloriste :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782203257283
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Notre avis sur Billy Lavigne
Toujours prompt à déceler ce qu’il y a de plus fragile ou de plus sombre au coeur de l’âme humaine, Anthony Pastor s’essaye, depuis La femme à l’étoile, à un genre qu’il affectionne, le western. L’auteur nous entraîne, cette fois, au Texas, cherchant à briser l’archétype du cowboy, interrogeant le lecteur sur ce monde patriarcal et violent. Peut-il se construire un avenir sans donner aux femmes toute leur place et leur sensibilité dans cette société ?
Anthony Pastor, au delà de son statut d’auteur, est un véritable artiste. Ses oeuvres fourmillent de références et de messages. Ses drames, il les construit avec peu de mot et beaucoup d’images fortes. Il faut dire que son talent pour le dessin et la peinture est bluffant. Son sens de la mise en scène aussi. Il n’y a quasiment rien d’innocent dans ses planches. Ses compositions sont emplies de symboles que le lecteur verra ou non, parfois consciemment, parfois inconsciemment. Le tout est porté par un style proche de l’impressionnisme, maniant les couleurs un peu à la façon de Van Gogh.
C’est un travail de titan, au service d’une histoire bien sombre qui trouve ses racines dans des faits très proches de la réalité. Rien que pour cela, on sort des clichés hollywoodiens.
Surtout, Pastor dégomme le masculinisme exacerbé de cette société de cowboys pour mieux nous faire réfléchir sur l’impasse qu’il représente. Un message féministe alors que les principaux personnages sont pourtant des hommes. Les femmes, qui semblent jouer les seconds rôles, guident finalement le récit et, avec lui, Billy. Le surdoué du dressage de chevaux, digne héritier des meilleurs cowboys, entrevoit une autre voie que celle que semble vouloir tracer pour lui ce destin porté par des hommes, notamment Ford et Thorpe.
Le lecteur, comme les acteurs du livres, sont happés et retenus prisonniers par un drame qui ne cesse de monter en intensité. Pastor étonne, parvenant à créer un climat de huis-clos en dépit des étendues sauvages qui forment le décor de l’histoire. Une BD à la croisée des chemins, entre violence et espoir, entre western et roman noir.
Par Legoffe, le 04 mars 2025
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