Blackface Banjo

Cest l’histoire d’un clochard, un noir à la jambe de bois qui fait la manche et qui essaye de gratter quelques pièces aux passants et leur faisant une petite danse virevoltante avec sa jambe de bois. Remarqué par un mec du spectacle, il est embauché dans une petite troupe en tant que danseur. Il joue le rôle du gars pauvre et estropié qui se métamorphose complètement après avoir bu un elixir miracle, et qui le démontre en se mettant subitement à tournoyer comme un fou sur sa jambe en bois. Dans cette troupe, il fait la rencontre d’une jolie fille, une prodigue du violon. Et il sympathise aussi avec l’Indien. Car il a l’air cool, l’Indien. Un brin mutique mais il inspire confiance. Il feront d’ailleurs un bout de chemin ensemble, après que le mystérieux Coon Coon Clan ai brûlé leur scène et leur roulotte, la faute à ce spectacle de Blackface…

Par Placido, le 28 juin 2013

Notre avis sur Blackface Banjo

Un nouveau Duchazeau de chez Sarbacane ne se manque pas. Un nouveau Duchazeau de chez n’importe qui d’autre aussi, d’ailleurs. Parce que le bonhomme a une constante : il fait toujours dans la qualité. Et même si son dernier Lomax emballait moins, après les sommets qu’étaient Le Rêve de Meteor Slim et Les Jumeaux de Conoco Station, on gardait toujours la foi.
Et l’auteur a beau se répéter sur les thématiques (la population noire, sa culture, le racisme, la musique blues ou country), les lieux (les Etats-Unis) et l’époque (les années 20-30), la fraîcheur et l’excitation sont là, présentes. La foi.

Blackface Banjo parle des Minstrel’s Shows, des spectacles comiques fait par des blancs, pour les blancs. Ils se maquillaient le visage tout en noir, d’où le terme "Blackface" et caricaturaient les noirs, les représentant comme grossiers, stupides et superstitieux. Et ça a duré vachement longtemps, genre presque un siècle et demi (il a fallu attendre les sixties et ses révolutions sociales pour que ça disparaisse complètement). C’est donc là dessus qu’on part, plongé dans le bain avec un noir boiteux qui, de part ses errements et ses rencontres, vacillera entre déboires et providences, entre Dieu du Banjo et poivrot de rue. Et c’est fort sympathique. On prend du plaisir à découvrir une facette supplémentaire de la société américaine de l’époque. Duchazeau sait faire ça très bien, avec peu de mots. La mise en scène impeccable ainsi qu’un intelligent remplacement des mots par des dessins voir des icônes rendent le tout original et drôle.

Mais seulement voilà, la BD est agréable, mais ça ne va pas plus loin que ça. On ne retrouve pas les ambiances terribles des oeuvres précédentes, la dimension dramatique (bien que présente, mais moins intense) qui nous retournait comme des crêpes, accentuée par des personnages hauts en couleur. Notre héros boiteux, il faut l’avouer, fait bien pâle figure face au charisme de Meteor Slim.

Qu’à cela ne tienne, cessons de le faire souffrir de la comparaison, car Blackface Banjo reste une réussite et gagnera une place respectable dans la bibliothèque.

Par Placido, le 28 juin 2013

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