BLAST
La tête la première

La garde à vue continu pour Polza Mancini et les deux policiers. Quelques questions seront posées pour l’orienter ou l’empêcher de divaguer, mais c’est Polza qui va parler, qui va se livrer. Il quitte Jacky Jourdain, devenu trop dangereux et reprend son rythme d’errance sans but, sans destination. Il va de maison en maison, celles abandonnés l’hiver par les vacanciers, ne reste pas plus de deux jours dans chaque et ne s’approche de la civilisation que pour faire le plein de barres chocolatées et d’alcool. Mais certaines intrusions dans des demeures ne resteront pas anodines… A la suite d’une crise, Polza se retrouvera rapidement en hôpital psychiatrique où il rencontera un certain Roland Oudinot…

Par Placido, le 23 octobre 2012

Publicité

Notre avis sur BLAST #3 – La tête la première

Epreuve marquante, la lecture d’un tome de Blast ne se fait pas à la légère. On sait d’avance que le contenu sera bouleversant mais on se prend une claque qu’on n’aurait jamais cru prendre. On sait aussi d’avance que l’histoire sera racontée avec une maîtrise rare mais on ne peut s’empêcher de rester bouche bée devant tant de talent. Et ce tome 3 ne déroge pas à la règle : il est fabuleux et on le savait, mais on ne s’attendait pas à ce qu’il le soit autant. Comme si la longue année qui s’écoule entre chaque sortie nous faisait oublier les sensations de lecture ressenties à chaque tome.

Manu Larcenet ne s’essouffle pas. Il reprend là où il avait laissé Polza, en piteux état aussi bien physique que mental après l’apocalypse du Saint Jacky. Mais la suite n’annonce pas de jours meilleurs. A tel point que le gin, les barres chocolatées et même l’héro ne suffiront pas. Il n’est plus question de la recherche du blast, mais de survie. Une survie physique et surtout spirituelle. Une survie parfois remise en cause. L’urgence est de s’enfuir, de s’évader. Et cela nous mènera bien vers quelques instants de grâce absolue où le retour à la solitude en pleine nature apparaît comme un paradis inespéré après les galères horrifiques vécues. Mais les sculptures Moaï n’y feront rien, fatalement, chaque nouvelle rencontre apportant de l’espoir – un espoir fébrile mais original – se termine dans une profonde douleur, traumatisante.

La qualité de la mise en scène et la beauté des dessins permettent de faire passer la pilule. On accepte volontiers de lire cette histoire terriblement dure, glauque et morbide parce que Larcenet fait des merveilles. Visuellement c’est magnifique, avec parfois peu de choses, quelques tâches d’encres, quelques ombrages, il arrive à transmettre des sensations incroyables. On ressent la nature, la lumière particulière d’un soir d’été, la fraîcheur de l’eau… Le découpage est également très travaillé, n’hésitant pas à faire de grandes cases occupant toute la planche, comme pour respirer (le tableau champêtre du suicidé) ou nous enfoncer un peu plus profondément encore (les collages de Polza). C’est aéré, c’est alterné, c’est vivant. Et la voix off est en parfaite symbiose avec le dessin. Elle ne répète pas ce qui est montré, il n’illustre pas ce qui est dit. Ils se répondent et s’enrichissent.

Ce tome 3 ne déroge pas à la règle. C’est un grand album issu d’une grande série créé par un grand auteur. Point.

Par Placido, le 23 octobre 2012

Publicité