BLAST
Pourvu que les Bouddhistes se trompent

Après une terrible agression à la fin du 3ème tome, Polza s’est réfugié dans une ferme éloignée, habitée par Roland et Carole Oudinot. Roland, il le connaît, ils se sont rencontrés en hôpital psychiatrique. Celui-là même d’où Polza s’est enfui. Recherché de fait par la police, leur foyer se présente autant comme une aubaine qu’il n’a pas vraiment d’autres choix que d’y rester. Laisser passer un peu le temps et se retaper bien au chaud pendant l’hiver. Et puis, il y a la jolie Carole, qui vient le visiter de temps en temps dans son lit. Carole travaillant toute la journée, Polza va apprendre à vivre avec Roland, découvrir son mal, découvrir qu’il a arrêté de prendre ses médicaments, découvrir que ces médicaments sont là pour stopper ses pulsions sexuelles… Tout va s’aggraver plus ou moins lentement, jusqu’à ce que tout leur pète à la gueule.

Par Placido, le 7 avril 2014

Notre avis sur BLAST #4 – Pourvu que les Bouddhistes se trompent

Pas de relâche. Quatre tomes et aucune faiblesse, aucune baisse de régime, rien à jeter : la maîtrise de bout en bout. Impressionnant.

On termine ce tome comme on avait démarré le premier, avec les flics qui parlent, les questions, les regards, les petites astuces de psychologie… Le genre policier reprend le dessus, alors qu’on l’avait un peu oublié, happé par le récit de Polza Mancini, fascinant et déroutant. Tel un huit clos dans cette vieille ferme perdue au milieu de nulle part, à l’écart de tout. L’endroit où Polza et Roland essayent de vivre avec leurs démons. Entre moments de calme, à faire des collages étranges de femmes, à regarder le feu de la cheminée ou à s’esclaffer en lisant Jasper, l’Ours Bipolaire ; et moments de folie, à piquer des colères noires ou s’échapper dans le village voisin. On est quand même dans une histoire extrêmement glauque et noire, avec des gens qui vont profondément mal, de vrais cas psychiatriques. Et Larcenet de nous en faire une histoire complètement prenante et intense, par la mise en scène extrêmement travaillée, par un graphisme à couper le souffle, plein à craquer de sentiments, de détails, où la forme même des phylactères porte une signification, allongées lorsqu’il s’agit d’un chuchotement, d’un souffle, d’un râle…

Je pense que peu d’auteurs peuvent se permettre d’écrire une histoire aussi dure. Et je n’ose imaginer la difficulté, pour l’auteur, d’écrire une histoire comme celle-là.

Le retour au genre policier, le retour à la vraie vie, permet d’avancer dans l’histoire, d’apprendre rapidement ce qu’il s’est passé et surtout de voir comment toute cette histoire de Carole Oudinot s’est terminée. Et encore et toujours, Larcenet arrive à nous surprendre, une dernière fois et par là même nous donner le coup de grâce.

L’une des cases de la fin vous laissera, peut-être, cogiter longtemps après avoir refermé l’album.

Une série exceptionnelle. Indispensable. Un vrai chef d’œuvre.

Par Placido, le 7 avril 2014

Publicité