Bleu(s)

Quand le jeune Nicolas se réveille il est à l’hôpital. Pour quelle raison ? Il ne s’en souvient pas… on lui dira qu’il a fait une chute dans l’escalier… Peu à peu Nicolas se remet de ses blessures, mais la nuit une autre blessure semble incurable, celle de son cauchemar récurent…

Par melville, le 18 janvier 2012

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Notre avis sur Bleu(s)

Jusque dans son titre Bleu(s) est une œuvre ambigüe… Bleu comme la couleur qui baigne chacune des planches de l’album, teinte froide communément employée dans les thrillers pour accompagner les flashbacks. Bleu comme la couleur des hématomes engendrés par des coups… les bleus. Bleu comme le nom du médecin collègue du Docteur Vert que le jeune Nicolas se plait à appeler le docteur Green.

Dès la première planche Will Argunas instaure une atmosphère de tension qu’il n’aura de cesse de faire croître par la suite. Le sentiment de malaise s’épaissit et subtilement l’auteur fait naître chez son lecteur le doute que l’enfant qui s’adresse à nous directement aurait pu être victime de maltraitance. La voix off contraint le lecteur à une place de témoin impuissant et la mise en scène reposant sur un choix de cadrages forts, avec des vues en plongées et contreplongées, augmentante le sentiment d’insécurité. Menace oppressante que traduit la bichromie des planches en aplats de noir et bleu. En cela on perçoit aisément la fascination qu’exerce la violence dans démarche de l’auteur, mais à aucun moment il ne verse dans l’obscénité. Car avec ce livre Will Argunas explore au travers de la thématique de la maltraitance des enfants, la faillite d’une prise de relais que l’on pourrait expliquer par l’incapacité d’une génération à garantir un futur à ses héritiers…

La maltraitance des enfants dont la pédophilie (non présente dans l’album) est l’expression la plus forte est un sujet qui a récemment animé le petit monde de la bande dessinée (jusque dans la rédaction de Scenario.com). La sortie de Bleu(s) quelques mois après celle des Melons de la colère est un hasard de programmation dans lequel tout ceux qui se sont indignés du livre de Bastien Vivès trouveront un réconfort juste et puissant – notamment incarné les dernières phrases du prologue.

En évitant les clichés, Will Argunas dresse un récit saisissant et engagé en mêlant l’intime précieux d’une relation père-fils à l’angoisse d’un thriller psychologique. Initialement publié aux éditions Triskel en 2001, le premier livre d’Arnaud Guillois dit Will Argunas se voit offrir une nouvelle jeunesse grâce aux Ronds dans l’O. Une occasion à ne pas manquer pour découvrir ce très beau livre de bande dessinée !

Par melville, le 18 janvier 2012

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