Blood of the Virgin

Seymour est monteur pour une société qui réalise des films de série B, notamment des films d’horreurs, et des bandes annonces, à Hollywood dans les années 1970.
Apprécié pour son travail, il rêve toutefois de devenir réalisateur. Son patron finit par accepter son scénario d’histoire de loup-garou, qui va s’intituler Blood of the Virgin, mais il refuse qu’il en assure la réalisation. Il est toutefois adjoint sur le tournage. Et tout ne va pas se dérouler comme prévu…

Pour Seymour, l’expérience équivaut à des montagnes russes émotionnelles, d’autant qu’il traverse une crise de couple depuis la naissance de leur jeune fils.

Par legoffe, le 13 février 2023

Notre avis sur Blood of the Virgin

C’est un spectaculaire livre que nous proposent les éditions Cornélius en ce début d’année, de part son épaisseur (300 pages) et son style graphique, extrêmement fort et vivant. Sammy Harkham s’est lancé dans un récit fleuve pour raconter le destin d’un Juif d’origine irakienne espérant percer à Hollywood en ces années 1970.

A travers lui, nous revivons toute une époque du cinéma, au sein d’une boite de production qui surfe sur la vague des séries B, alors très en vogue. Et l’on découvre avec étonnement les méthodes artisanales et l’impressionnante improvisation qui règnent dans les studios. La machine à fabriquer du rêve – ou de la peur – est vraiment faite de bric et de broc !

Surtout, l’on voit comment l’humain tente de surnager dans ce système, et de rester droit pour réussir dans la course à la gloire et aux dollars. Les sentiments, dans tout ça, ont de la peine à trouver leur chemin.

Les questionnements et les tourments de Seymour transpirent dans les pages, que ce soit au studio de cinéma ou bien chez lui, où les relations avec sa compagne sont complexes. Le couple traverse une crise et l’on ne sait plus très bien s’il noie cette tension personnelle dans son travail ou bien si, à l’inverse, c’est le trop grand nombre d’heures de boulot qui mettent en péril leur vie de famille.

C’est un véritable tourbillon de scènes que réalise Harkham. Il lâche ses personnages sans tabous dans une société en pleine mutation, notamment en matière de libération des moeurs et des sexes, avec des dialogues tranchants, parfois provocateurs. Son découpage et ses dessins ondulants et monochromes ont une grande force. Ce foisonnement passe aussi par une « pause » en couleur, au centre du livre. L’auteur laisse un temps Seymour au repos pour raconter le destin d’un cow-boy qui va percer par hasard dans l’industrie hollywoodienne.

Retour ensuite à la vie de Seymour et de sa famille, avec un passage dans le passé de la mère d’Ida, dont on découvre sa vie durant la Seconde Guerre Mondiale et sa captivité dans un camp de concentration. Un habile voyage dans le temps qui rappelle les cicatrices que cachent certains personnages et leurs descendants.

Une saga humaine brillamment mise en pages et en images, qui montre le talent d’Harkham pour donner de la profondeur à ses personnages. Le récit, qui déroutera probablement certains lecteurs, devrait beaucoup plaire aux amateurs de cinéma, qui trouveront là de nombreux clins d’oeil aux productions des années 70 et à la vie américaine de l’époque. Etonnant.

Par Legoffe, le 13 février 2023

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