Blue

Ce qui attire tout d’abord c’est le superbe look de l’ouvrage. Un manga traditionnel certes, mais avec une couverture d’un bleu profond du plus bel effet qui se distingue des couvertures blanches et kitch des autres Mangas édités en français.
Une fois installé dans la lecture, il faut se mettre dans le rythme lent et heurté de ce roman. Le trait est simple et pur, mais la narration est irrégulière avec une temporalité saccadée qui peut déstabiliser. A vrai dire, il est parfois nécessaire de s’y reprendre à plusieurs fois pour bien comprendre qui dit quoi et quel est le sens de tel ou tel passage.
L’histoire en elle-même est aussi sensible qu’elle est simple. Les sentiments sont complexes, mais la simplicité du récit permet de les effleurer sans les altérer. Beaucoup d’auteur en rajoutent des tonnes autour d’un sentiment aussi pur que l’amour. Ici pas d’artifice, les émotions sont livrées à l’état brut.
Cette constatation constitue à la fois la force et la faiblesse du récit : cela se lit très vite, et on le referme avec la désagréable impression d’être un peu passé à côté. Les lectures suivantes laissent le même sentiment désagréable, et pour cause : l’auteur semble avoir voulu laisser la pureté des sentiments s’exprimer de son récit sans artifice.

Cet album ravira ceux dont les amis sophistiqués demandent « quelle subtile oeuvre de la nouvelle mangaka es-tu en train de découvrir ? » à la place de « tu lis quoi comme manga ? ». Les autres pourront toucher du doigt une sensibilité complexe, livrée avec pudeur et retenue. Peut-être s’ennuieront-ils, mais qui a dit que l’art devait passionner ?

Par TITO, le 28 novembre 2004

L’amour étant une chose paradoxalement très banale, courante et très mystérieuse, il est normal que ce sujet intéresse beaucoup d’auteurs. Il est traité sous de multiples formes et celle qu’a choisi Nananan, est très originale. Son style épuré ne laisse pas beaucoup d’alternative à la lecture : il faudra s’intéresser à l’histoire faute de pouvoir rêver, emporté vers des paysages ou des scènes fouillées !
Peu de décor donc et peu de signes distinctifs entre les personnages. Kiriko Nananan privilégie l’atmosphère affective et émotionnelle. C’est dans ce climat mettant à nu les sentiments des uns et des autres que chacun lira « Blue » avec un regard personnel. On peut être séduit par la douceur et la sincérité de la relation amoureuse des deux jeunes filles. C’est sans doute leur spontanéité qui illumine le paysage. Mais on peut être aussi agacé par le jeu que l’une mène avec l’autre tout en étant attachée à un homme. Cet homme pour qui elle fait pourtant preuve d’abnégation au point d’avorter.
Le tableau de Kiriko montre la fragilité de la relation amoureuse, de la relation amicale et du danger qu’elle représente pour certains. Tout en étant lent ce manga reste assez accrocheur en ayant cette petite étincelle qui donne envie de savoir.. Cette histoire est un peu touchante mais surtout elle est sincère et elle donne matière à réflexion sur le pouvoir de l’amour.
Pas si anodin que ça !
A lire pour découvrir ou si vous êtes un peu bluette..

Par MARIE, le 29 novembre 2004