Blue corner

Reggae est un boxeur mutique et mystérieux, à la carrière entachée par de trop nombreuses défaites, et habitué à combattre alcoolisé. L’ex-champion du monde, désormais promoteur, Dangelo, voit toutefois en lui un futur crack, avec une grande puissance de frappe. Il va le prendre sous son aile afin d’en faire un champion, mais le boxeur va devoir lutter avec ses démons…

Par v-degache, le 3 décembre 2024

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Notre avis sur Blue corner

Jirô Taniguchi au Festival international de la BD à Angoulême, en 2015. (©selbymay)

Pika a l’excellente idée de rééditer Blue corner de Jirô Taniguchi, initialement prépublié en 1982, avec une nouvelle et superbe maquette ! Une belle occasion de découvrir ou relire cet ouvrage consacré par le Maître à la boxe !

On suit Reggae, un mystérieux boxeur japonais dont la consommation d’alcool accompagne chacun de ses combats. Avec un style peu académique, il enchaine victoires… mais aussi les défaites par K.O. ! La rencontre avec Dangelo, promoteur à la Don King en moins exubérant, va bouleverser sa carrière. Sentant le potentiel derrière la personnalité énigmatique du boxeur, il va le conduire au titre national, avant de tenter d’en faire une superstar.

Le récit est signé Caribu Marley, auteur en 1997 de Old Boy sous son vrai nom Tsuchiya Garon, qui sera porté à l’écran par Park Chan-Wook en 2003. Son antihéros est attachant, ne dévoilant que partiellement l’origine de son esprit torturé. Donnant de la consistance à ses personnages principaux comme secondaires, on n’en reste pas moins, avant tout, dans un manga de boxe tout à fait convaincant, marqué par les inévitables combats qui laissent présager d’un potentiel succès mondial pour Reggae. Quant à Taniguchi, il reviendra au genre sportif sept ans plus tard avec Garôden, mêlant plusieurs arts martiaux. On trouve d’ailleurs déjà dans Blue corner quelques planches frôlant avec le MMA !

Ceux qui connaissent le mangaka à travers Le sommet des Dieux, Quartier lointain ou Au temps des Botchan, seront surpris de trouver un style ici assez différent, avec un encrage bien plus poussé, et donc assez éloigné de la ligne claire qui le caractérisera plus tard. Son noir et blanc est splendide, violent, sans concession, incarnant parfaitement ce boxeur hanté par son passé. On est, comme sur le reste de son œuvre, très proche de la bd franco-belge, et l’on oublie vite que l’on feuillette un manga (le sens de lecture nous le rappelle quand même !), et même les Japonais ressemblent physiquement à des Européens !

Blue corner étonne par sa puissance graphique et un récit qui nous plonge dans les angoisses de son héros. Une œuvre à (re)découvrir d’urgence !

Par V. DEGACHE, le 3 décembre 2024

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