Bob Fish

Le grand détective Bob Fish est engagé par le richissime monsieur Swartenbroeckx afin de retrouver son fils enlevé par les vils siamois Piet et Toone. Bob Fish part alors enquêter sans trop de zèle. Pendant ce temps, le jeune Al Memory, un gamin épris d’aventure et bourré d’astuce a été le témoin de l’enlèvement, il demande à son copain Flup d’être son associé afin de l’aider à localiser la voiture des deux malfrats. Mais l’affaire commence à déraper…
Dans la deuxième histoire, nous retrouvons Al, toujours passionné de lecture d’aventure, aperçoit, une nuit, la fameuse Chauve Souris, héroïne des romans de gare qu’il dévore en allant à l’école. Il part à sa poursuite de la mystérieuse chauve-souris et découvre qu’elle attaque l’éditeur Barks…

Par fredgri, le 13 mars 2014

Notre avis sur Bob Fish

Cet album est un petit bijou en soi ! une parodie des Bd belges d’après guerre, avec tout ce qu’elles pouvaient véhiculer de propagande, d’à priori et de stéréotypes divers. Chaland s’amuse à nourrir ces pages de multiples références, qu’il s’agisse de Jacobs, Hergé, Jijé, à toutes ces BD qu’il lisait gamin. Mais surtout il permet à Chaland de prendre des libertés avec ces histoires d’aventuriers en en tordant les bases, en jouant même avec le statut de héros du fameux détective qui n’a absolument rien d’héroïque, qui profite de la situation, complètement inintéressé par le sort du gamin sur lequel il est sensé enquêter. Du moment que le client paye, c’est le principal !

D’autant que tout finit toujours par déraper, on tue (dont trois gamins retrouvés éventrés !!!), on torture par simple méprise raciste et surtout les heros sont cupides et intéressés !

J’ai adoré le regard de cet artiste sur ces amours d’enfance, cette façon qu’il a de dépeindre son détective qui n’hesite pas à fausser les éléments pour s’en tirer au mieux, ce jeune Al (futur héros de ses propres aventures dans les albums "le jeune Albert") extrèmement astucieux qui est finalement le véritable héros de ces histoires. Chacun a un rapport aux autres vraiment étrange et résolument en décalage avec une certaine morale bien pensante habituelle. Au final on a l’impression que Chaland force les caractères, tombant assez régulièrement dans une caricature presque outrancière (Bob Fish qui s’adresse à Boulou Boulou en l’appelant Negros et en lui parlant façon "Y en a être Bob Fish le détective", c’est à la fois cruellement hilarant, mais pas tant que ça tout de même, car derrière ce petit trait d’esprit (qu’on retrouve dans la bouche des personnages quand ils parlent des chinois "Des traîtres habités par le mal, tout juste bon à être torturés sans se poser de question") se dissimule toute une mentalité pas si éloignée de la réalité, même encore maintenant !

Ce qui fait que même si on ne retrouve pas la même virtuosité que Chaland aura plus tard sur les Freddy Lombard par exemple, que les caractérisations sont plus grossièrement dépeintes, il n’empêche que cet album est un vrai plaisir à lire !

Cette réédition est donc l’occasion de redécouvrir cet auteur au dessin absolument magnifique, une référence de la ligne claire moderniste des années 70/80.
Alors vous aussi entrer dans cet univers décalé, jublatoire.

Par FredGri, le 13 mars 2014

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