Borb

Bob vit dans la rue. Sa vie c’est la misère, la crasse, la solitude. Au travers de strips nous suivons donc son quotidien qui se teinte de gravité, d’une lente descente désespérée, mais aussi de pointes d’humour…

Par fredgri, le 6 novembre 2015

Notre avis sur Borb

Jason Little c’est "Motel Art Improvement Service" et "Shutterbug Follies", tout deux traduits chez Akileos. Une identité très marqué, un ton, un style qui porte un regard sur la société, sur l’humain très intéressant !
Dans "Borb" l’auteur va encore plus loin en dépeignant le quotidien d’un homme qui vit dans la rue, reflet de l’exclusion et de la marginalité aux États Unis (mais le propos est aussi suffisamment universel pour ne pas se cantonner aux ricains !). En contre partie, Little ne dépeint pas non plus son personnage comme une victime malheureuse d’un système, mais comme un individu qui subit un ensemble de choses, et cela va de ses propres mauvais choix, ses erreurs qui l’entraînent dans une spirale descendante d’où il ne peut plus s’extraire, au services sociaux qui lui refilent un logement insalubre, tout en refusant d’intégrer cet ensemble et d’en respecter les contraintes…
Ce Bob (dont le nom déformé donne le titre à l’album) pose alors la question de ses marginaux qui refusent ce système, quand bien même ils se condamnent ainsi à l’exclusion… La vie qui se profile alors pour eux est une vie de l’immédiat, de l’urgence, faussement libre, mais profondément anarchique !

Alors chez Jason Little il n’y a pas de pathos trop facile, mis à part quand Bob repense à sa femme enceinte, aux moments à ses côtés. Il glisse des pointes d’humour, du comique de situation (les dents, le pantalon qui tombe sans cesse), mais c’est aussi une façon d’appuyer avec beaucoup d’intelligence sur la désillusion qui rythme cette vie, sur cette tristesse sous-jacente qui pousse cet homme à accepter son inexorable chute, à refuser même parfois de se faire aider pour mieux s’en sortir (toute l’histoire autour de son pied qui pourrit, par exemple).

Mais en effet, Little arrive aussi à rendre ce Bob assez attachant, sa dégaine, ses malheurs nous touchent. On peut parfois éprouver de la honte en le regardant se faire virer d’un resto ou il veut aller rapidos aux toilettes et rire la page suivante quand il se contente de chier dans un sac qui est ensuite pris par un inconnu qui le confond avec le sien, laissant Bob étonné de voir sa merde transformée en aliments en boite !!!!

Donc c’est habilement mené, avec énormément d’empathie malgré tout pour ce portrait sans concession d’une vie dans la rue…

Une vraie claque !

Par FredGri, le 6 novembre 2015

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