Bouloche

Petra est une autrice en devenir. Elle est envoyée en stage auprès de Raymond, auteur de BD qui a eu ses heures de gloire, mais qui n’a plus guère de succès aujourd’hui. Autant dire que Raymond est aigri…

Par legoffe, le 2 mai 2022

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Notre avis sur Bouloche

Attention, humour corrosif. Hervé Bourhis nous livre une plongée dans les coulisses de l’édition à travers le regard d’une jeune femme qui rêve d’être publiée et celui d’un auteur blasé, pas toujours propre sur lui. Bref, un gars qui part en ruine avant l’heure, trop baigné dans l’aigreur… et un peu l’alcool aussi.

Bourhis raconte ainsi, sans complaisance, mais avec un comique acide, le petit monde des auteurs et de leurs éditeurs. Il n’épargne personne. Les lecteurs et les maisons d’édition sont, bien sûr, touchés. Mais la moquerie s’adresse aussi – et surtout – à lui-même et à ses paires.
L’image des auteurs solidaires en prend un coup ! Comme pour tous les milieux, la concurrence, la jalousie et les coups bas ont cours et ça vanne sec ! Ainsi, vivre le festival d’Angoulême avec Raymond vaut le détour.
Mais le parcours de l’auteur passe aussi par des projets avec la télé. On découvre une autre facette du métier et un mot qui revient régulièrement : opportunisme. Quand il s’agit de faire rentrer de l’argent, les grands principes en prennent parfois un coup et ça donne des scènes assez drôles.

L’auteur cherche aussi à rappeler que, dans cet univers (comme dans d’autres), on peut vite passer de la lumière à l’ombre, d’être la mode puis le has been.
Raymond représente le passé, Petra l’avenir. Mais comment garder le bon recul pour ne pas finir déprimé et rester sur le quai quand le train de l’avenir file à grande vitesse ?

Derrière les dialogues sarcastiques, Bourhis plante de vraies réflexions et nous interroge sur les valeurs à préserver, rappelant que c’est l’humain qui est balloté au gré de ces aventures et de ces mésaventures.

Il parvient à en dire beaucoup tout en gardant un bon rythme de lecture grâce à une succession de chapitres courts qui sont autant de moments de vie d’auteur. Bourhis glisse même des répliques chantantes ça et là, comme dans une comédie musicale. Et ça marche, on a presque l’impression d’entendre les personnages clamer leurs vers et danser.
Quant au style graphique, il est assez simple, mais les expressions des protagonistes ont une grande force. Or, c’est un élément primordial dans ce type de récit.

Voilà donc un BD détonnante qui fera rire, peut-être jaune, mais sans méchanceté. On sent que Bourhis, au contraire, cherche à se moquer de son univers pour que chaque acteur puisse s’en amuser et, qui sait, prendre du recul par rapport à tout ça. Voire à se remettre en question. Qui sait ?

Par Legoffe, le 2 mai 2022

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