Brontëana

On connait tous les chefs d’œuvre des sœurs Brontë, qu’il s’agisse de « Jane Eyre » de Charlotte, « Wuthering heights » d’Emily ou encore « Agnes Grey » d’Anne, même si on ne les a pas forcément lu. Ce que l’on sait peut-être un peu moins c’est l’histoire qui entoure cette famille et la malédiction qui va les frapper, les destinant à mourir assez jeune. Ce qui explique le peu d’ouvrages qu’il y a au final.

A travers cet album nous rencontrons les sœurs, ainsi que leur frère, nous découvrons cette volonté qui va rapidement les animer d’être indépendant et créatifs. On les suit dans leurs jeux d’enfants, imaginant des pays lointains, un royaume, récitant des poèmes, encouragé par un père qui ne frustrera jamais ces élans artistiques chez ses enfants. Mais nous prenons aussi conscience du cadre dans lequel ils ont grandi, un cadre qui les a préservé, mais qui leur a permis aussi, surtout Charlotte, Emily et Anne, de développer une vraie liberté d’expression, quitte à bousculer les mœurs de l’époque. Ce qui va les amener, en premier lieu, à prendre des pseudonymes masculins pour être assurées d’être publiées…

L’écriture se base certes sur de la documentation, des extraits de texte, mais Paulina Spucches construit une fiction pleine de sensibilité, dressant le portrait de trois écrivains passionnées et habitées. Au point ou l’on a vraiment envie de découvrir leur quelques livres.
C’est certainement ce qui est le plus intéressant dans cet album, cette façon de transposer l’âme de ces femmes dans une représentation graphique très inspirée et vibrante de vie.
On s’attache à ces femmes, à leur envie d’écrire et cette nécessité d’exprimer des sentiments qui bousculent les conventions.

Le récit est émouvant et authentique, avec une vraie attention portée aux sentiments et la sensibilité des trois femmes. En contre partie Branwell est beaucoup moins travaillé, c’est un peu dommage.

Un album qui interpelle !

Par FredGri, le 8 septembre 2023