Bukowski de liqueur et d'encre

Charles Bukowski, un écrivain célébré, dont la vie semble s’être entièrement rythmée au rythme des nombreuses cuites, des rencontres, des femmes qui ont partagé son lit… On le découvre enfant, battu par son père, commençant à écrire dès ses 13 ans, on le suit au gré de ses errances, quand il essaye de faire publier ses poèmes, les années passent, la galère, les boulots à la Poste, des histoires de couple ratées, puis la rencontre en 66 avec John Martin qui va lui ouvrir les portes de sa jeune maison d’édition et donc du succès…

Par fredgri, le 28 février 2024

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Notre avis sur Bukowski de liqueur et d’encre

Peut-être, comme moi, connaissiez-vous finalement assez mal la vie et les galères de Charles Bukowski. On a entendu surtout parler de ses tendances à l’alcoolisme, aux errances, on devine par son style un caractère bien trempé, « franc du collier » dira-t on, sans compromis, sans frein. Avec cet album, nous entrons donc au cœur de ce parcours édifiant ou l’enfant devient ado, puis jeune adulte et écrivain vieillissant, le tout ponctué d’histoires de coucherie qui ressemblent parfois à de l’amour, souvent à juste du sexe.
Bukowski n’est pas du type oisif, tendance intellectuel de salon, c’est un écrivain du peuple, de la rue, des bars, qui drague, picole, vomit et tout ce qui s’ensuit. A ce titre, ce portrait que nous proposent Michele Bonton et Letizia Cadonici (épaulé par Martin Boujol qui agrémente les pages d’entrefilets documentaires particulièrement instructifs) ne tente à aucun moment d’embellir son sujet, ni même de cacher ses aspects les plus rugueux.

A aucun moment, l’homme n’est séduisant ou simplement sympathique. Tout du long, il nous apparait principalement comme un gros c… qui ne s’intéresse pratiquement à rien d’autre qu’à la prochaine bouteille ou à ses textes. Mais le plus troublant, justement, dans cet album c’est que l’accent est bien plus mis sur les travers de l’écrivain, son quotidien, avec la voix off qui commente, à la première personne, cette vie déliquescente. On a parfois du mal à comprendre ou réside le génie de Bukowski, perdu dans une série de séquences ou il apparait surtout comme un homme en marge, qui ne semble pas appartenir au monde qui l’entoure.
Ce parti pris de mettre de côté l’œuvre et sa force au profit de la vie même de l’auteur est intéressant, mais on garde ce sentiment de passer aussi à côté d’un aspect très important du sujet, son écriture.

Il n’en reste pas moins que l’album est extrêmement bien documenté, qu’il nous transporte dans un passionnant voyage dans la tête de Bukowski, ouvrant des portes de compréhension sur l’œuvre, sur ce qui a animé cet homme depuis le début, au fil des années.

Graphiquement, Letizia Cadonici nous offre des planches vraiment très intéressantes, avec un style vif qui semble coller parfaitement au sujet. Une belle découverte.

Un album qui donne très envie d’aller plus loin, jusqu’à un rayon de librairie, plus précisément.

Très conseillé.

Par FredGri, le 28 février 2024

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