Bunker

On a tous croisé une Jessica dans notre vie, peut-être même faisait-elle partie de nous au même âge. Ces doutes, ce refus du corps, du regard des autres, ce regret de l’enfance…
Pour son premier album, Camille Poulie se penche sur cette silhouette que l’on découvre, en premier lieu, se baladant dans la campagne, jouant avec un chien derrière un grillage, essayant de pisser debout dans une marre ou observant un couple dans le secret d’un coin de blockhaus.

Pas de grands discours ici, pas de longs monologues pour restituer la psychologie des post ado en quête de repère. Poulie se contente d’observer son héroïne, de la laisser aller tranquillement deçi delà. Ses jeux avec ses amis, ses excès de provocation, ses railleries. On comprend que derrière cette façade, il est surtout question d’un mal être profond et touchant.
Car si le scénario peut apparaître brouillon, c’est surtout parce qu’il refuse les normes, cette envie de "raconter quelque chose", avec un début et une fin, si ce n’est de dresser un portrait sec, en retrait qui nous émeut par ce qu’il tait et suggère. Jessica apparaissant comme une personnalité complexe qui découvre progressivement qu’il peut être bon de laisser entrer les autres.

Un album plutôt discret, mais d’une vraie profondeur. Servi par des dessins sobres et très efficace.

Une vraie révélation !

Par FredGri, le 20 octobre 2022