Burqa fashionista

Toutes de noir vêtues, c’est la burqa qu’elle portent ; un voile intégral qui les soustrait au regard des autres. Cette tenue qui se porte dans certains pays musulmans a fait son entrée dans la culture des Européens grâce à celles, bleu turquoise, des femmes afghanes que les interventions américaines post-11 septembre ont mises sous les feux de l’actualité. Aujourd’hui, elles sont au cœur de débats politico-citoyens en France, plusieurs années après des affaires similaires qui concernaient elles le port du ("simple") voile. Actualité oblige, donc, cette burqa fait parler d’elle. Certains la dénoncent, certains la justifient, d’autres comme Peter de Wit s’en amusent…
 

Par sylvestre, le 10 juin 2010

Notre avis sur Burqa fashionista

Un peu plus de deux ans après le livre Burqa ! de Simona Bassano di Tufillo et Jamila Mujahed et dans la foulée du Burka d’ Eva Schwingenheuer paru chez Anabet en mars 2010, les Presses de la Cité s’empressent de publier, actualité oblige, les dessins sur le sujet que le Néerlandais Peter de Wit a réalisés pour le quotidien De Volksrant.

Gags en une vignette à raison d’une par page, les situations proposées au lecteur sont drôles parce qu’elles jouent graphiquement à fond sur l’aspect géométrique simplissime de la représentation de la burqa. Bête rectangle tout noir dont le haut est arrondi et flanqué d’un trou long localisant la fenêtre à travers laquelle les femmes qui la portent voient le monde, la burqa prend tout à tour des allures d’ogive, de suppositoire ou de sextoy, selon l’imagination qu’on a !

L’auteur joue bien sûr aussi beaucoup sur le côté "on ne voit pas qui est dessous" et les bons mots des dialogues sortent dans la plupart des cas de la bouche de femmes qui justement revêtent elles aussi la burqa ! Mécanismes humoristiques et spectacle de l’autodérision…

On notera aussi que l’auteur a mis dans les mains de la majorité de ses personnages un cabas "Miniprix" et l’on observe que, comme c’est toujours le même, cet accessoire qui aurait pu personnaliser l’une ou l’autre des femmes renforce au final le côté impersonnel au départ véhiculé par la burqa…

Cela dit, Peter de Wit ne fait pas que rire de ces situations s’apparentant à des parties de cache-cache : certains gags sont bien plus grinçants et dénonciateurs que d’autres, faisant entrer sa démarche d’artiste dans une forme de combat contre cette burqa en tant qu’objet d’effacement de la femme.

Parce qu’il fait rire, ce petit livre permet de se projeter sous la burqa et de mesurer ne serait-ce qu’un peu son côté anachronique. A chacun ensuite selon ses sensibilités de transformer cette prise de conscience en un véritable avis sur la question…
 

Par Sylvestre, le 10 juin 2010

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