BURTON
Le voyage à la Mecque

 
Pendant le congrès de la Société Royale de Géographie au cours duquel devait être mis un terme à la polémique opposant les explorateurs Burton et Speke sur la localisation exacte des sources du Nil, l’annonce est tombée que Speke avait été découvert mort et qu’il ne pourrait donc pas défendre son point de vue.

Burton fut aussitôt soupçonné : pour ses détracteurs, il était forcément partie prenante dans la subite disparition de celui dont les résultats des travaux devaient faire passer les siens pour fantaisistes. Il était en outre connu pour être un homme brutal qui ne s’encombrait pas d’états d’âme…

Alors oui, Burton reconnaissait lui-même ne pas être un tendre. Oui, Burton avait déjà tué, par le passé, lors d’expéditions. Mais Burton était aussi et avant tout un grand explorateur, ce qu’il avait à cœur de démontrer aux congressistes rassemblés pour l’écouter et à qui il conta donc, pour le prouver, son expédition de 1853 au cours de laquelle il réussit à s’infiltrer dans les villes saintes de l’Arabie Saoudite interdites aux non-musulmans d’où il a rapporté d’innombrables précieux renseignements.
 

Par sylvestre, le 5 juillet 2013

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Notre avis sur BURTON #2 – Le voyage à la Mecque

 
Suite sans l’être, cette seconde bande dessinée de la collection Explora des éditions Glénat consacrée au Capitaine Sir Richard Francis Burton laisse en effet la part belle à un flashback si long qu’il en devient le récit principal. L’histoire commence après l’expédition vers les sources du Nil, l’expédition qui fut le sujet du tome premier. Mais elle bifurque assez rapidement sur le récit d’une expédition antérieure qui joue un rôle double : culturel, relatif à l’expédition en question, et important pour compléter le portrait qui nous est dressé du héros.

Ce récit-noyau relatant l’expédition de Burton de 1853 est la colonne vertébrale du scénario, d’où partent différentes autres notions telles que la critique du pouvoir et de l’ambition de certains journalistes ou les réels respect et affection qu’avait Burton pour Speke qui, malgré tout, lui fut un précieux compagnon de route ; à cela près que la gestion "post-expédition" que les deux compagnons ont faite de leurs résultats les a fait devenir concurrents, voire ennemis jurés, aux yeux de ceux qui portaient de l’intérêt à leurs travaux.

Les progrès de la science et les explorations plus récentes de ces contrées qu’à l’époque on découvrait avec les moyens du bord font qu’aujourd’hui, on sait qui des deux était plus "dans le vrai" que l’autre. On note cependant le choix des auteurs, dans cet album, de ne pas dévoiler la décision qu’aura prise la Société Royale de Géographie au terme de ce fameux congrès dont il est question, ni de résoudre ce qui nous est présenté comme l’énigme de l’intrigant décès de Speke dont Burton se voit soupçonné…

Le dessin de Lionel Marty, qui succède à Dim D sur ce tome 2, n’est pas des plus fournis. Certaines vignettes au début sont même épurées à l’extrême, beaucoup montrant des personnages devant un arrière-plan d’une grande pauvreté. C’est un peu dommage ; le lecteur allègre pourra y voir une sobriété calculée que la plus grande précision des planches qui suivent vient faire oublier. De cette simplicité dans le trait découlent quelques éléments peu évidents, mais parmi eux certains sont assurément conçus comme tels pour que le doute s’installe (je pense à cette séquence où Burton se mutile après qu’on a lu le mot eunuque…) avant d’être levé, plus loin.

Un cahier supplémentaire enfin vient fermer la marche. Il est intéressant comme le sont tous ceux de la collection Explora, précisant des choses rencontrées dans l’histoire et invitant à se documenter plus avant. Au bilan, ce Captain Sir Richard Francis Burton T2, malgré ses imperfections, est d’intérêt, revient pour le grand public sur une expédition sans doute trop peu connue de l’explorateur et est à découvrir en images, ce que les paysages et les édifices que Burton a vus méritent bien !
 

Par Sylvestre, le 5 juillet 2013

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