C'est comme ça que je m'appelle Giovanni

A Palerme, de nos jours, à la suite d’un incident survenu au petit camarade de son fils et aux méthodes d’intimidation malveillantes dont ce dernier fait l’objet à l’école, un père entreprend de l’informer sur les activités souterraines de la Pieuvre autrement dit la Mafia et sur l’un de ses détracteurs officiels, le Juge Falcone. Afin de lui faire saisir l’immensité du travail réalisé par ce magistrat pour contrer la Cosa Nostra au péril de sa vie, il lui dresse simplement son portrait au rythme d’une balade à la teneur fortement pédagogique qui lui fera comprendre pourquoi il porte le même prénom que celui-ci.

 

Par phibes, le 4 mai 2011

Notre avis sur C’est comme ça que je m’appelle Giovanni

Quelques 5 années auparavant, Claudio Stassi avait traité le même sujet chez Casterman et, de fait, avait décrié l’omnipuissance du système mafieux via Brancaccio, chronique d’une mafia ordinaire. Avec ce nouvel ouvrage, cet auteur italien originaire lui-même de Palerme relance le débat sur le Monstre en adaptant en bande dessinée, cette fois-ci chez Dargaud, le roman du journaliste Luigi Garlando.

L’album en question, cartonné d’un format presque de poche, est des plus remarquables quant à son contenu. En effet, c’est par le biais d’un petit garçon de dix ans qui se fait racketter à l’école et d’un père aimant que le récit se pose. Fort de ce concept, Claudio Stassi nous dresse la biographie singulière du fameux juge Falcone dans une évocation contrastée, en alignant, face à face, un enfant nature sans réelle défense à la terrible Pieuvre.

Bien que le sujet soit délicat, le ton est loin d’être morose et se veut émotionnellement probant. Le didactisme dont il est porteur se suffit à lui-même pour bien saisir l’engagement immuable de l’intègre personnage qui a pris pour parti de faire tomber une pratique tentaculaire, au risque d’y laisser sa vie. Le discours qui s’étale sur plus de 160 pages n’est nullement ennuyeux. D’une simplicité exemplaire puisqu’il s’adresse à un enfant, il fait appel à des métaphores enfantines (la théorie de l’artichaut, les disparitions…) qui illustrent superbement l’organisation criminelle et ses agissements sournois et radicaux.

Côté dessins, l’artiste a gagné son pari. Son univers pictural, campé d’une main levée experte, qui pourtant dévoile des faits dramatiques, est empreint d’une douceur ambiante due à l’usage de la couleur directe sur un crayonné léger. Le rendu est admirable, démontre évidemment une recherche documentaire exceptionnelle et joue habilement, grâce à la colorisation et aux vignettes aux contours aléatoires, sur les deux époques (passé et présent).

Un one-shot de très grande qualité à saluer pour son côté éducateur sur une personnalité symbolique contre un monstre malheureusement toujours latent.

 

Par Phibes, le 4 mai 2011

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