CALLE MALAGA

Au cœur d’une station balnéaire du sud de l’Espagne désertée par les touristes, un homme fait son jogging du matin. Lors de son périple, il finit par s’arrêter dans une clairière où broute un cheval blanc. A son retour, il prend place à la terrasse d’un café et est abordé par un jeune garçon qui cherche à le déposséder de son portable. Le garçon finit par s’enfuir au moment où une patrouille de police passe. Après quelques emplettes, l’homme retourne à son appartement et mange jusqu’à ce qu’il entende des bruits de pas dans le couloir qui viennent troubler sa quiétude. Il sort un flingue et s’aperçoit par l’œilleton de sa porte qu’il s’agit d’un touriste bedonnant qui vient prendre possession d’un appartement voisin. Serait-il possible que ce curieux personnage soit de nature à perturber son isolement ? Et pourquoi l’évasion récente de braqueurs et l’apparition fugace d’individus aux abords de l’hôtel semblent l’inquiéter ? Et s’il faisait en sorte de casser sa solitude en se rapprochant de son petit voisin ?

Par phibes, le 8 mars 2025

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Notre avis sur CALLE MALAGA

Mark Eacersall, scénariste révélé à la suite de la parution des albums GoSt111, Tanarive, Cristal 417, de la série Pitcairn -L’ile des révoltés du Bounty… se voit de nouveau à l’honneur à la suite de la sortie de son dernier one-shot Calle Malaga. Avec ce dernier, l’auteur nous invite dans une histoire claire-obscure aux accents contemplatifs bien prononcés.

Oui, vous l’aurez compris en découvrant le prologue dédié à son grand-père que Mark Eacersall a décidé de se lancer dans un récit policier reposant énormément sur des effets visuels et non sur une évocation littérale trop pesante. A cet égard, éludant donc le dialogue, l’artiste pose son histoire à grand renfort de décors susceptibles de camper celle-ci, en faisant intervenir un personnage terriblement taiseux et qui a pour objectif de combattre ses démons tout en préservant son isolement.

La lecture de cet album pourrait se faire à la rapidité d’un cheval au galop d’où le ressenti d’une certaine frustration. Aussi, il convient, pour éviter ce sentiment, de bien s’immerger dans celui-ci, de se laisser aller à la contemplation de cette équipée, vignette par vignette. Ainsi, on profite pleinement des ambiances qui s’installent, des atermoiements du « héros » dans cette solitude qu’il a voulue, de son inquiétude grandissante et de son besoin d’échapper (et de protéger) que l’on comprendra progressivement. L’arrivée d’un deuxième personnage inverse la tendance et offre des moments de partage prometteurs… ou pas.

De son côté, James Blondel dont on a pu apprécier le trait dans des ouvrages collectifs documentaires (Histoires incroyables des Jeux Olympiques, Histoires incroyables des 24 Heures du Mans, Histoires de cuisines…) se remet totalement en cause pour voler en solo vers d’autres cieux. Avec cet opus, l’artiste joue habilement sur la noirceur de son récit, employant un encrage soutenu pour bien plomber les ambiances. Le travail graphique est perceptible, les décors de la station balnéaire désertée baignés sous soleil levant sont de grande beauté et les personnages bénéficient d’une belle expressivité (certes changeante voire percutante selon les actions).

Un thriller contemplatif bien efficace à découvrir chez Grand Angle.

Par Phibes, le 08 mars 2025

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