Canicule
La Beauce, dans la fournaise d’un été caniculaire. Un Américain en fuite après un hold-up, Jimmy Cobb, s’efforce d’échapper à la gendarmerie lancée sur ses traces. Il vient de dissimuler son butin en l’enterrant à proximité d’une ferme isolée où il trouve refuge, in extremis. Il n’a pas vu qu’un enfant dissimulé dans le blé a assisté à toute la scène. Et ne sait pas encore que la ferme où il se cache est un modèle réduit de l’enfer. Horace le tyran domestique libidineux, sa femme Jessica vibrante de haine, son frère Socrate confit dans l’alcool, Chim l’enfant battu, Ségolène la folle nymphomane, Gusta la vieille au bord de la tombe… chacun des habitants de cet univers rural en vase clos est une bombe en puissance, taraudé jusque dans l’intimité de sa chair par cette canicule à vous rendre fou. Leurs psychoses conjuguées sont les ingrédients d’un mélange instable et hautement explosif, auquel la présence de Cobb et de son argent va servir de catalyseur. Bientôt tout va déraper dans ce monde rance et sclérosé et glisser inexorablement vers une conflagration d’une violence inouïe. (résumé éditeur)
Par melville, le 1 juin 2013
2 avis sur Canicule
Canicule s’ouvre sur un dessin unique et muet : le soleil au zénith surplombe un champ de blé dont le jaune des épis se confond au loin avec la couleur du ciel. Au centre, un homme sue et souffre de la chaleur. Tel l’incipit du récit cette planche d’ouverture donne le ton : on y perçoit la violence des natures. Celle des hommes (mâles ingrats, vénaux et stupides) et celle de la nature, de cette campagne isolée mais sous les feux de la rampe l’instant du dernier acte d’une tragédie.
Cette adaptation du polar de Jean Vautrin n’est pas sans rappeler celle de Pauvre Zhéro (Rivages/Casterman/Noirs). Pas de texte off, mais des dialogues cinglants auxquels se lie la précision des cadrages. Canicule est remarquable dans sa mise en scène. A chaque case, Baru saisit le mouvement et capture la violence de la scène pour l’enfermer dans un plan serré qui vous éclate en pleine figure. Fougueux et rageur, le récit place le lecteur dans une position qui n’est pas toujours confortable, mais ce qui emporte au final c’est bien le regard de Baru. Dépourvu du cynisme ou de la complaisance des biens pensants, Baru convainc par la distance juste qu’il trouve à chaque fois : ce regard d’un type bien.
Graphiquement peut-être la plus aboutie des bandes dessinées de son auteur, Canicule est un must à posséder d’urgence ! Baru à le panache d’écrire et dessiner quand il a des choses à dire et cela sans jamais que son propos ne soit empesé par une envie de donner des leçons.
Par melville, le 1 juin 2013
Un polar qui marque par son ambiance poisseuse, dérangeante. Mais cela ne fait pas tout et je ne suis jamais parvenu à me passionner pour ce récit. Baru a pourtant su inscrire un très bon rythme à la BD, enchaînant les scènes efficacement. Mais les protagonistes manquent de charisme, ce qui pénalise rapidement ce genre d’histoire qui dépend généralement de son ambiance et de la force de ses personnages.
Je dirai donc que l’on a affaire à un polar honnête. Mais est-ce vraiment un compliment pour ce genre de livre ???
Par Legoffe, le 9 juillet 2013
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