Captifs

Août 1754, Nouvelle-Angleterre.

Susanna et James Johnson vivent au coeur de la forêt avec leurs enfants. Un choix qui ne plait pas du tout au père de Susanna, responsable du fort anglais voisin. Il estime qu’ils ne sont pas en sécurité en raison de la présence des indiens. Mais James est serein car, en tant que coureur des bois, il a tissé des liens particuliers avec ceux de la région.

Hélas pour eux, ce sont d’autres indiens qui vont faire un raid sur leur maison. Ils arrivent des territoires français et sont de la tribu des Abénaquis. Il vont capturer toute la famille et fuir à travers les immenses étendues de la Nouvelle-Angleterre pour rejoindre le lac Champlain. 

Par legoffe, le 4 septembre 2023

Publicité

Notre avis sur Captifs

Pour écrire cette histoire, Benoît Rivière s’est inspiré des mémoires de Susanna Johnson, rééditées en 2005 au Quebec sous le titre Récit d’une captive en Nouvelle-France. Nous voilà donc plongés dans une aventure basée sur des faits réels. 

L’histoire débute presque en même temps que la Guerre de la Conquête (1754-1760) qui opposa Français et Anglais, ainsi que leurs alliés indiens, pour la maîtrise des territoires d’Amérique du Nord. 

Ce drame révèle, à lui seul, quelle était la valeur des êtres humains en ces temps tourmentés. On ne parlera pas, néanmoins, ici, de sauvagerie car la destinée des Johnson montre des protagonistes très pragmatiques. Les Anénaquis ne cherchent pas forcément à tuer. Il pratiquent ce qui s’apparente à de la traite de blancs, commerçant avec… des notables français ! Ces derniers sont, d’ailleurs, dépeints comme étant les acteurs les plus ignobles de cette BD. On ressent là toute l’hypocrisie de colons qui pensaient représenter la grandeur et la lumière, mais qui n’hésitaient pas à payer les « sauvages » pour faire de leurs prochains des esclaves. 

Cette grande épopée s’étend sur une centaine de pages, racontant bien l’épreuve que représente ce parcours à travers les immensités du Canada, puis la condition de ces Anglais devenus objets ou monnaie d’échange. Là encore, stratégie et intérêts financiers dictent les agissements des uns et des autres. Le récit est édifiant et captivant, d’autant qu’il est servi par les dessins extrêmement réalistes d’Olivier Ormière. Son travail est superbe, appuyé par les belles couleurs de Silvia Fabris qui bluffe par sa capacité à nous faire oublier que tout est numérique. 

Les décors naturels sont aussi fins et précis que les traits des personnages. La beauté des sites tranche avec la froideur des hommes. C’est d’ailleurs peut-être la seule chose qui manque dans cette histoire, l’émotion. Mais faut-il réellement s’en étonner ? La dureté des personnages de l’album est certainement très fidèle à celle qui devait animer colons et indiens à cette époque. 

Voilà, en tout cas, un album spectaculaire qui ne laisse pas un instant de répit au lecteur. Les magnifiques planches d’Olivier Ormière nous incitent, heureusement, à prendre le temps, à faire des pauses pour admirer les dessins. Une belle manière de reprendre son souffle au coeur de ce récit haletant. 

Par Legoffe, le 3 septembre 2023

Publicité