CAPUCHE BLANCHE

A l’aube de ses 18 ans, Capuche vit dans une maison bourgeoise perdue dans la forêt. Esseulée très tôt par sa mère, elle partage ses journées avec un père souvent absent et très distant. Alors qu’elle a écumé un grand nombre de précepteurs pour son éducation privée, elle rend souvent visite à sa grand-mère, le seul être qu’elle aime passionnément et qui habite non loin de là. Lors d’une escapade, Capuche est attirée par des traces de sang qu’elle découvre sur la neige et se met en quête de les suivre. Elle finit par s’orienter vers une cabane isolée où gît un loup blessé avec lequel elle entame une relation hors norme. Elle décide de le soigner malgré les avertissements de la bête qui n’aspire qu’à retrouver sa naturalité. Trouvant là le moyen de partager ces moments intimistes qui lui font défaut, Capuche élude ses conseils et se met à le nourrir. Il lui apprend alors qu’il est le dernier des loups de la région et que la pitance qu’elle lui apporte n’est pas suffisante pour qu’il puisse se rétablir. Lors de son retour chez elle, elle finit par croiser un individu peu sympathique et trop entreprenant. Elle se défend et le tue involontairement. Elle décide de revenir voir le loup qui lui propose de l’aider. Cette situation, associée à d’autres, vont révéler la véritable nature de Capuche et provoquer l’inévitable…

Par phibes, le 19 septembre 2024

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Notre avis sur CAPUCHE BLANCHE

Connu pour son univers postapocalyptique inhérent à Solo et à d’autres personnages, l’auteur barcelonnais Oscar Martin s’empare d’un conte traditionnel (repris par Perrault et les frères Grimm) que tout un chacun connaît et qui met en présence un petit chaperon rouge, un loup et une grand-mère. Grâce à celui-ci, il décide de l’adapter à sa sauce, une sauce sombre, moderne et psychologiquement prégnante.

C’est ainsi que Capuche (blanche), l’héroïne, s’ouvre à nous à la faveur d’une narration intimiste que l’auteur a souhaité copieuse, rien que pour camper profondément son personnage et sa complexité caractérielle. Après avoir dressé un cadre familial manquant de toute évidence de chaleur, il nous rend témoin de la rencontre des deux personnages clés de cet album, à savoir Capuche et un loup blessé. De cette association pourtant improbable naît une relation incroyable, inquiétante et qui va se révéler pour le moins nuisible.

Le récit demeure des plus envahissants par son côté psychologique profond et nous entraîne dans des effusions ô combien délirantes. Exit le gentil chaperon rouge, voici Capuche blanche qui balaye d’un revers de main son histoire séculaire miellée (bien que sanglante). Cette dernière communique avec la bête et s’en emmourache par manque d’affection. Elle lui porte secours et la nourrit de la plus radicale des manières. Il ne fait aucun doute qu’Oscar Martin trouve là l’occasion d’ébranler notre cœur d’enfant en jouant sur des ressorts modernes, imparables, dans une progression paroxysmique de la prédation.

Graphiquement, cette adaptation du conte séculaire a été confiée à un autre artiste barcelonnais, Tha. Ce dernier nous livre un dessin tout en finesse, d’une grande beauté. A cette occasion, il ne manque de nous offrir de superbes planches colorisées avec une réelle douceur qui ont l’avantage de détonner avec le message lourd porté par ses personnages. Ces derniers qui apparaissent sous des plans subtilement travaillés révèlent, se veulent suffisamment explicites dans leurs actions, en particulier Capuche dont la fragilité expressive contraste avec son caractère profond.

Une excellente revisite du célèbre conte dans une version psychologique qui n’est pas sans soulever inquiétude et cauchemars.

Par Phibes, le 19 septembre 2024

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