CARAMBOLLA
Sang noir

Un jeune homme se réveille sur les bords d’une plage face à un axolotl. Totalement éperdu, sans voix, il avance à travers la rue chargée de commerçants et de clients. Sur son chemin, il se heurte inopinément à une créature imposante à tentacules qui tombe son chargement de poissons destinés à la vente aux enchères de Carambolla. Le naufrager pousse sa curiosité jusqu’au lieu où se déroulent les fameuses enchères. C’est en ces lieux publics qu’une jeune femme fait impression en proposant des prix totalement déraisonnés et engage bientôt un discours sur l’injustice qui règne sur Carambolla. Tandis que la garde tente de la mettre hors d’état de nuire, par ailleurs, le roi Uthman participe devant les nobles de Carambolla à la cérémonie de l’Assomption. C’est à l’instant où ce dernier va mordre dans le fruit sacré que sa nièce apparaît pour faire cesser le rite. Cette dernière vient reprocher au roi ses manquements et par sa faute, l’arbre aux fruits sacrés est en train de mourir. Le sort de Carambolla serait-il scellé définitivement ?

Par phibes, le 1 décembre 2022

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Notre avis sur CARAMBOLLA #1 – Sang noir

Alors qu’il aurait pu, au vu de sa teneur fantasmée, intégrer très facilement la collection Métamorphose, cet ouvrage donne l’occasion à Barbara Baraldi, autrice italienne, de faire ses premiers pas sur le marché français de la bande dessinée. Pour ce faire, cette dernière s’associe au coloriste Emiliano Tanzillo dont on a pu admirer le travail dans la série Destin et dans le triptyque Les deux cœurs de l’Egypte.

On pourra être surpris par le décorum sombre de cette histoire qui semble tout droit sorti d’un univers imaginaire dans lequel le fruit du Carambolier (la carambole) semble avoir une place indispensable dans l’existence même de ce monde atypique. On sera également étonné par l’interaction très mystérieuse d’un jeune homme, Marec, bien taiseux et assurément tourmenté intérieurement suivi par un crustacé ressemblant à une salamandre qui, d’après ce premier tome, va influer sur la destinée de Carambolla. Evidemment, il sera épaulé par deux jeunes femmes de classes sociales différentes qui sont appelées à l’aider à faire tomber les masques.

Force est donc de constater que ce premier volet bénéficie d’une réelle matière (tel un conte), certes bien nébuleuse et qui demande irrémédiablement un éclaircissement dans le prochain volume. On y perçoit une prophétie, la survie tourmentée d’un royaume en mal de gestion et une fin dont on nous dit qu’elle est proche. Barbara Baraldi pose ici les bases de cette fresque fantasmée et se devra de les ordonner dans le prochain tome.

Il va de soi que cette histoire bénéficie d’une réelle attraction grâce au travail graphique réalisé par Emiliano Tanzillo. L’artiste fait preuve d’une recherche picturale impressionnante dans l’élaboration de cet univers hors norme de bord de mer où le coquillage a une place de choix. Son trait met en lumière des personnages qui se veulent de toute beauté, dans une gestuelle bien fluide et un esthétisme bien poussé. Idem pour les décors qui jouent la carte de l’imaginaire à fond. Le tout est mis en évidence pour une colorisation sobre, où le sépia s’entremêlent avec subtilité avec le grisé et le carmin.

Un épisode tout en beauté picturale qui nous immerge dans une histoire tourmentée pour laquelle nous attendons plus d’éclaircissements.

Par Phibes, le 1 décembre 2022

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