Caricature
9 histoires pour 9 personnages que l’on suit dans leur vie quotidienne.
Par Arneau, le 1 janvier 2001
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
2878270371
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Notre avis sur Caricature
Daniel Clowes est un auteur de comics underground reconnu aux USA (un des ses albums, Ghost World, a notamment été adapté en film par l’excellent Terry Zwigoff) mais il reste assez peu connu en France. Sans doute est-ce lié au fait que ces histoires se passent dans l’Amérique profonde plutôt que dans des grandes villes et qu’elles ne mettent pas en scène de super-héros (encore que, dans l’histoire Nylon noir…).
C’est dommage, car son univers est pourtant particulièrement riche et inimitable. Dans un style très satirique, il a l’art de dépeindre le quotidien dans ce qu’il a de plus grotesque et déprimant mais aussi dans ce qu’il peut avoir de plus violent dans les relations avec les autres. Sa fascination pour les Fifties, omniprésente dans ses récits ajoute à l’ensemble une ambiance particulière.
Mais la grande force de ses histoires réside surtout dans la complexité de ses personnages. Torturés, souvent mal dans leur peau et inadaptés socialement, ils sont le reflet d’une Amérique déglinguée. Pourtant leur présence ne sert pas uniquement de prétexte pour délivrer un message. Ils sont d’une grande richesse, en particulier dans cet album où chaque histoire se focalise sur l’un d’entre eux et on les suit alors dans leurs réflexions et leurs obsessions. Tous dotés d’une forte personnalité, ils possèdent leur propre sensibilité et l’on s’y intéresse sans que l’auteur ne cherche à les rendre attachants ou même crédibles. Souvent très lucides et cyniques sur leur environnement ou leur propre vie, ils déambulent dans une Amérique mi-nostalgique, mi-fantasmée à la recherche d’un bonheur qu’ils ne trouvent généralement pas. Quand au titre, il est plus lié à l’aspect outrancier des protagonistes, appuyé par un dessin typé sixties, plutôt qu’au côté comique de l’ensemble.
On finit ce recueil avec un goût amer dans la bouche et l’on reste longtemps habité par ses personnages une fois l’album refermé. A découvrir donc, pour aborder le comics décalé dans ce qu’il a de meilleur.
Par Arneau, le 11 septembre 2006