Carla

Cette réédition reprend donc le précédent album paru initialement en 1993, qui rassemblait les épisodes de Carla, parus dans (A Suivre) entre février 1987 et mai 1991.
Carla est une jeune et énigmatique chauffeuse de taxi parisien. Au fil de ses 6 histoires, elle prend des clients pour les mener ou ils veulent, mais en parallèle elle découvre des destins torturés qui la bouleversent, quand bien même ça peut parfois mal se terminer…

Par fredgri, le 22 avril 2024

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Notre avis sur Carla

Contrairement à ce qui peut être dit deçi delà, Carla n’est pas un roman graphique. Il ne l’est pas principalement par sa structure, par son histoire éditoriale qui l’amène à être initialement publié sous forme de petits récits dans les pages de (A Suivre), au grès des scénarios que Jacques Lob fait parvenir par intermittence à Edmond Baudoin, sans trop bien savoir ou tout ça les mènera, au point ou l’artiste devra terminer seul, après la mort de Lob en 1990.
Il s’agit d’une œuvre au corps indistinct, qui s’apprécie autant comme un ensemble que comme une succession de fragments de vie.

Carla n’est d’abord qu’un visage derrière son volant, elle devient petit à petit un regard qui s’arrête sur ses passagers, une voix qui leur pose des questions et un ensemble de pensées qui s’anime pour la révéler en véritable héroïne de ces instantanés. Elle est le chauffeur, elle est celle qui témoigne du changement qui s’opère chez ceux qui lui racontent leur vie, leurs malheurs. Qu’il s’agisse de ce jeune homme qui court après celle qu’il aime alors qu’elle s’envole pour revenir chez elle, de ce vieil homme qui culpabilise en prenant soin d’une fillette murée dans son silence inexpressif, d’une jeune femme qui ne supporte plus l’univers clôt de son compagnon ou encore cet inconnu avec le visage bandé qui cache bien des mystères… Elle parcourt les rues de la ville, la nuit, elle prête l’oreille à toutes ces vies suspendues qui ne lui appartiennent pas, les lumières, les silhouettes… Carla est belle, certains se disent qu’elle n’est pas vraiment à sa place, mais rien n’est plus faux…

Jacques Lob laisse aller sa plume un brin mélancolique, magnifiquement accompagné par le dessin expressionniste d’Edmond Baudoin, dont la richesse et la virtuosité dans la gestion des noirs et des blancs rappelle certains autres maîtres comme José Muñoz. C’est beau, émouvant, on se perd dans les yeux de Carla, on glisse le long d’une ombre, on s’arrête sur une case absolument sublime.
Peut-être regrette-t on qu’il n’y ai justement pas eu davantage de vision d’ensemble, ou en tout cas de volonté de s’attarder sur la jeune femme au-delà de ce qui est évoqué dans le dernier chapitre. Mais on reste fasciné par cet album qui se savoure tranquillement.

Extrêmement recommandé.

Par FredGri, le 22 avril 2024

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