CARNETS DE JOANN SFAR (LES)
Greffier
Les 7 et 8 février 2007, Joann Sfar a assisté au procès intenté en 2006 par différentes associations musulmanes au journal Charlie Hebdo pour sa une du numéro 712 signée Cabu et pour deux reproductions de dessins jugés diffamatoires et irrespectueux envers la communauté musulmane. Sur un peu plus d’une centaine de pages, l’auteur restitue ce qu’il a capté sur le vif de l’ambiance, des prises de paroles et des témoignages pendant ce procès dit « des caricatures de Mahomet » et de la liberté d’expression.
Suite à ce compte-rendu illustré a été rassemblée sur une centaine de pages une sélection de planches que Joann Sfar a dessinées pour Charlie Hebdo plus tôt, en 2004.
Par sylvestre, le 8 janvier 2025
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Genre s :
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Sortie :
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ISBN :
9782413087977
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Notre avis sur CARNETS DE JOANN SFAR (LES) #6 – Greffier
Greffier, volume numéro 6 de la série Les carnets de Joann Sfar paru en mars 2007 (juste après le procès !) sous le label de la collection Shampooing, compte parmi les ouvrages des éditions Delcourt qui, en 2025, se voient réédités en troquant leur couverture souple pour une couverture cartonnée.
La métamorphose et la remise en lumière de ce titre en particulier n’étonnent qu’à moitié en ce début d’année 2025 : non seulement parce qu’elles précèdent de quelques jours la nouvelle bande dessinée de l’auteur Que faire des juifs ? mais également et surtout parce qu’elles reproposent la lecture de ce Greffier alors même qu’on célèbre le triste anniversaire de l’attentat terroriste du 7 janvier 2015 ayant endeuillé Charlie Hebdo ; attentat qui, on se souvient, était un parmi d’autres du même acabit et tout aussi traumatisants.
Relire les pages de Greffier, c’est retourner dans le passé en 2007 mais c’est aussi se rendre compte avec tristesse que la connerie a la peau dure. En effet, il est à craindre que le différend qui à l’époque a mis face à face les accusateurs et les accusés pourrait tout aussi bien avoir lieu de nouveau aujourd’hui, comme si on n’avait pas vraiment évolué sur le sujet : il y aura toujours des gens pour se radicaliser et pour prêcher pour les solutions les plus expéditives alors que l’Homme est censé évoluer ; et qui dit évoluer sous-entend évoluer en mieux : vers plus d’intelligence, d’amour, d’altruisme, de compassion, de paix…
Mais bon… Je ne vais pas revenir sur le fond et sur le cœur des débats du procès des caricatures de Mahomet de février 2007 ni sur la discutable esthétique du dessin de Joann Sfar ni sur le fait qu’il est assez logique que le témoignage de ce dernier ne soit pas strictement neutre. Je critiquerais ici plutôt la réédition en tant qu’objet de lecture :
1) en trouvant dommage que quelques pages n’aient pas été ajoutées qui auraient rappelé qu’au terme des délibérations et des appels, la relaxe ait été prononcée pour Philippe Val et, par extension, pour Charlie Hebdo. A vouloir être informatif, autant aller jusqu’au bout, non ?
2) en déplorant que la graphie des textes n’ait pas été changée. Ben ouais, quoi… L’écriture manuscrite de Joann Sfar (same old song…) est souvent pénible à décrypter. On comprend que ce qu’il a écrit a été capté « sur le vif » et qu’il a été choisi de retranscrire fidèlement son écriture manuscrite. Mais les lectrices et les lecteurs n’en auraient voulu à personne je pense si, pour cette édition 2025, un petit temps avait été pris pour que tout soit rendu plus lisible. Re-manuscrit, OK, mais plus lisible… Non ? Mais voilà, on a là une réimpression d’ouvrage, pas le résultat d’un travail éditorial de reprise à visée d’amélioration. Dommage, on n’aurait rien trahi à rendre les textes plus lisibles.
3) en s’étonnant que les quelques fautes de français n’aient pas été corrigées et que la phrase de la page 60 (sur le côté droit) soit restée inachevée ! Là encore, ça fait un peu : « On réimprime pour vendre, mais on ne respecte pas trop le lectorat/client en n’ayant pas pris le temps (qu’on avait largement) de corriger les quelques erreurs qu’on aurait facilement pu corriger ».
Voilà. Cela dit, notez bien qu’au-delà de ces critiques plutôt négatives sur le travail éditorial, je me réjouis que cette BD ait été rééditée pour ce qu’elle nous relate et parce qu’en effet le fond reste malheureusement d’actualité…
Par Sylvestre, le 8 janvier 2025
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