Carton jaune

Le jeune Jacques Benzara excelle au football. Tant et si bien qu’un jour, repéré par un reporter sportif, il se voit proposer de quitter Tunis pour aller jouer en France. Cette chance est inespérée et il accepte. C’est ainsi qu’en 1937, sous les couleurs du Red Star, il signe ses premiers exploits sur le terrain. La fulgurante popularité qu’il connaîtra lui ouvrira bientôt les portes du Paris mondain : football, cinéma, invitations à des festivités en tous genres… Jacques Benzara, qui a fini par se faire appeler Jack Ben, croule sous les propositions !

Mais l’heure sera bientôt à la mobilisation pour ses camarades français, et sa vie va se mettre à tourner au ralenti. La seconde guerre mondiale est en marche et déjà sur Paris flottent les drapeaux nazis…
 

Par sylvestre, le 9 mai 2010

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Notre avis sur Carton jaune

C’est une belle histoire que nous racontent les auteurs : celle d’un gamin des rues de Tunis ayant réussi, par son talent, à accéder au statut de vedette. Mais c’est aussi un amer constat de plus qui est fait, relatif à la guerre et à ses conséquences… Parce que la guerre fauche des gens innocents, et parmi eux, forcément, des gens qui étaient plus connus que d’autres.

Carton jaune ! dont le titre fait écho à l’étoile jaune que les Juifs ont dû porter pendant la seconde guerre mondiale en plus qu’il évoque le monde du football est une fiction inspirée par la vie de Victor Perez, un boxeur tunisien juif ayant réellement existé. Mais point question de coller à sa biographie pour faire de cet album un document ou un hommage précis : le Jacques de cette histoire est lui footballeur et le choix de la fiction par le scénariste Didier Daeninckx devient ainsi prétexte à pouvoir prendre des libertés sur le récit tout en restant fidèle à un contexte. Il n’empêche qu’au sujet de cet exercice de narration et de création, on pourra trouver dommage que ce parallèle entre les deux hommes soit évoqué sur la quatrième de couverture : cela a plutôt tendance à dérouter le lecteur qui ne sait plus trop à quoi il doit s’attendre !

Cette histoire a été mise en images par un jeune dessinateur israélien, Assaf Hanouka, dont c’était la première bande dessinée. Son style fait ici penser à celui des débuts de Jean-Michel Arroyo, que ce soit au niveau du trait ou au niveau de la colorisation : il était perfectible et s’est depuis étoffé, détaillé, on le voit dans les réalisations qu’il a produites depuis.

L’album se clôt sur une postface signée Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports à l’époque de la première édition de l’album. Elle y revient brièvement sur le sport pendant la seconde guerre mondiale, dénonçant ce qui doit l’être et qui paraît d’autant plus infâme que le sport et les lieux qui l’accueillent sont censés être des symboles de compétition intelligente, de paix…

Carton jaune ! fut en 1999 une bonne initiative éditoriale de la maison Emmanuel Proust. Dans la même collection Atmosphères, cette bande dessinée sera suivie par d’autres titres comme le très remarqué Auschwitz de Pascal Croci…
 

Par Sylvestre, le 9 mai 2010

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