Catalyse

Pierre-Henry Gomont nous livre avec ce récit un polar taciturne ayant pour décor une usine de province spécialisée en sidérurgie. A l’écart de toutes autres activités humaines, le lieu isole le personnage principal de l’histoire, un choix judicieux qui permet à son auteur d’instaurer un climat de tension faisant écho à l’anxiété générée par le vide et l’isolement… Mais on regrettera toutefois que Gomont n’exploite que trop superficiellement tout le potentiel de ce background, son récit est comme trop « propre » alors que la moiteur, le métal en fusion, et les fourneaux titanesques sont à portée de main. De même, son huis-clos est parasité par une histoire annexe qui au final n’apporte pas grand-chose à l’intrigue. Toujours est-il que le récit capte tout de même notre attention, mis en scène avec une simplicité efficace et porté par un dessin expressif aux accents de modernité. Pendant près d’une centaine de pages on se laisse guider avec plaisir dans les méandres de cette intrigue comptable plutôt bien ficelée, et puis arrive la fin. Trop vite expédiée peut-être, elle aurait méritée un traitement plus subtil pour que l’on saisisse vraiment le regard de l’auteur. Car si elle est emprunte de sens, elle s’essouffle avant même d’avoir commencée la course.

Catalyse est donc un récit qui n’est pas pleinement abouti mais qui reste toutefois un polar intéressant qui lorgne du côté de la chronique sociale. Pour une première bande dessinée (en tant que scénariste), Pierre-Henry Gomont signe là un livre honorable et prometteur pour la suite.

Par melville, le 2 juin 2011