Celle qui réchauffe l'hiver

 
Amaat signifie "Celle qui réchauffe l’hiver"… Elle est née ce jour où un énorme troupeau de bœufs musqués avait traversé les territoires sur lesquels vivait sa tribu alors en proie à une famine qui décimait ses rangs.

Amaat est Inuit, de ces peuplades accordant une très grande importance aux légendes et à la mythologie ; au point que parfois, ces dernières semblent bien se mêler à leur réalité ! Il suffit d’entendre l’histoire de Tagak et d’Anki pour s’en convaincre : partis coiffer "La Dame sous la mer" pour que celle-ci ne retienne plus le gibier marin qu’ils avaient peine à capturer dans leurs filets, les deux jeunes hommes vont vivre une expérience fantastique, justement à la limite entre rêve et réalité…
 

Par sylvestre, le 1 mai 2011

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Notre avis sur Celle qui réchauffe l’hiver

 
Après la mise en images du témoignage de la Congolaise Rosalie dans l’album collectif Paroles sans papiers (Delcourt) et la BD Au rallye parue aux éditions Warum, Pierre Place revient vers les lecteurs sur un terrain sans point commun avec ceux qu’il avait explorés jusque là. C’est en effet chez les Inuits que se déroule cette histoire dont le titre nous aidait cela dit à nous préparer à cette éventualité !

Dès le début de l’ouvrage, le ton est donné : un premier dessin en pleine page nous montre une jolie femme nue surgissant des flots, ses longs cheveux pareils aux tentacules d’un animal marin extraordinaire. Vient alors la page de titre, dotée d’une illustration elle plus "récit ethnographique", puis arrive enfin la première planche de l’histoire, répondant par les créatures imaginaires qu’on y voit à l’apparition de la "Dame sous la mer" rencontrée deux pages plus tôt… Oui, le ton est donné : c’est en terre de légendes que l’on est invité et le mariage entre le réaliste et le mythologique auquel on assiste au cours de la toute première partie nous aspire, nous murmurant qu’on va assister à du magique et du beau.

Chamanisme, nature, esprits, légendes… Elles doivent être très nombreuses, les croyances des Inuits ! Vous me direz qu’en voyant le dénuement dans lequel on imagine qu’ils vivent, mieux vaut pour eux avoir beaucoup de choses à se raconter, le soir, sous les peaux !!! Quoi qu’il en soit, Pierre Place joue à merveille avec cela, laisse courir son imagination et entremêle mythes et réalités dans lesquels il fait évoluer au milieu d’animaux et de créatures des personnages humains qui sont acteurs mais qui sont aussi dépendants de leurs fortes croyances et soumis aux spirales dans lesquelles les attirent leurs transes.

Les jeunes personnages dans Celle qui réchauffe l’hiver font parfois penser aux Asiatiques de Cosey. Ils sont beaux et leur beauté est renforcée par la comparaison qu’on peut en faire avec les visages "à la Picasso" (ou à la Honoré Fragonard – l’écorcheur, pas son cousin le peintre !) d’autres protagonistes du récit. Les personnages plus vieux ont eux au contraire le visage buriné. Dans des couleurs irréelles ne laissant jamais clairement savoir de quel côté de l’imaginaire on se trouve, tous évoluent en tout cas sous nos yeux de lecteurs happés par ce récit aux accents et aux allures d’histoire qui se transmet chez les Inuits de bouche à oreille et de génération en génération.

Une aventure fantastique de la collection Mirages des éditions Delcourt.
 

Par Sylvestre, le 14 mai 2011

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