Celluloid

La jeune femme attend son amant. Il ne viendra pas, reportant leur rendez-vous à un autre jour. Elle prend une douche pour se délasser et découvre ensuite un vieux projecteur dans un coin, face au mur. Il y a une pellicule dans l’appareil. Encore nue, elle s’assoit et regarde le film qui lui montre une scène d’amour entre deux amants masqués. La pellicule brule soudainement, laissant entrevoir une porte contre le dit mur. La jeune femme entre, pénétrant ainsi dans un étrange endroit ou d’autres couples, fantomatiques, font eux aussi l’amour…
La jeune femme commence alors son voyage fantasmagorique…

Par fredgri, le 26 mai 2014

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Notre avis sur Celluloid

Dave McKean se fait de plus en plus discret, il faut fouiller pour connaître son actualité. C’est donc avec un énorme plaisir que j’ai appris la sortie de ce nouvel album, entièrement muet, mais surtout, un album "érotique" !
Je me doutais bien qu’il y aurait un vernis "arty", qu’on n’allait pas avoir droit à un énième album bourré de pénétrations etc. Alors que nous avait concocté le maître ?

Tout d’abord, on entre dans cet album en suivant les pas de la belle héroïne, elle sort ses clés, ouvre la porte de cet appartement et nous la suivons. Qu’importe qui elle est, moins on en sait, plus l’ambiance éthérée fonctionnera. Et dès le début, l’ambiance est prenante. Ça commence très lentement, on suit la femme qui vivote, en attendant son amant, qui note son nouveau rendez-vous, qui prend son bain, lascive, qui sort nue de la salle de bain et qui découvre le projo.
C’est vrai que le rythme est très étiré, du coup les planches se parcourent très vite. Et c’est justement de ce geste, de cette lecture rapide que tout le récit, l’ambiance, tire sa saveur. Au grès des pages, le lecteur se prend au jeu de ces courbes, de ces mouvements suaves, il sent le grain de la peau, il entend les soupirs.
Les explorations graphiques de l’artiste nous font entrer dans des codes esthétiques qui louchent sur l’histoire de l’Art, et la figure de la femme se déforme, devenant modèle cubiste, amalgame de photo montage. McKean sublime le corps de la femme, mais ne le lisse pas, il joue avec ces courbes, il fait glisser sur elles son regard, la lumière et les textures qui la rendent très vivante.
Cette femme part donc à la découverte de ses fantasmes, de ces silhouettes qu’elle a entre aperçues sur ce bout de film projeté sur le mur. Un bout de film qui va peut-être davantage jouer le rôle de révélateur pour le film plus intime qui va se jouer ensuite. Et la femme roule contre le sol, elle caresse ces corps qui la frôlent, elle se laisse entraîner…

Je n’ai pas envie de me laisser aller à tenter de tout réinterpréter, car j’ai aussi le sentiment qu’avant tout cette "histoire" doit se ressentir, se suivre des yeux, à peine entrouverts. Et oui, c’est vrai, peut-être qu’il y a des passages obscures, mais ici on est dans un acte d’immersion, il faut se fier à ses émotions, à ce parcourt dans l’Art, dans la sensation pure, dans cet œil qui regarde.

Car le premier qui ouvre la porte, celui qui observe la jupe de cette femme, qui la regarde onduler ses courbes dans le couloir… c’est le lecteur. Il est celui qui va entrer, sans trop savoir ce qui va suivre…

Vous l’avez deviné, Celluloid est un album magnifique, plein de sensualité. A ne certainement pas mettre entre toutes les mains, mais à dévorer malgré tout…
Régalez-vous !

Par FredGri, le 26 mai 2014

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