CENT MILLE JOURNEES DE PRIERES
Livre premier

 
Louis est un enfant dont la mère est Française et dont le père est asiatique. Comme il ne sait rien à propos de son père, de ses origines, Louis s’est fait à l’idée qu’il pourrait être Chinois.

Ce père absent manque au jeune Louis, d’autant plus que lorsqu’il pose des questions à sa mère à son sujet, celle-ci répond à côté, évitant le sujet. Et elle pleure, souvent, gardant ses secrets pour elle.

L’arrivée un beau jour d’amis cambodgiens à qui sa mère sait s’adresser dans leur langue va donner à Louis quelques premiers indices. Jusqu’au jour où il va comprendre qui si tant de mystère est cultivé autour de son père, c’est semble-t-il parce qu’il est retenu en prison dans son pays pour y avoir commis des crimes…
 

Par sylvestre, le 1 mai 2011

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Notre avis sur CENT MILLE JOURNEES DE PRIERES #1 – Livre premier

 
Mise en images avec une grande sensibilité par Michaël Sterckeman, cette histoire racontée par Loo Hui Phang découle vraisemblablement du fait qu’elle ait été personnellement – même si indirectement – touchée par la tragédie orchestrée au Cambodge, dans les années 70, par les Khmers Rouges. La scénariste révèle d’ailleurs dans sa préface avoir appris un jour, dans une seule et même conversation, qu’elle avait au Cambodge de la famille qu’elle ne soupçonnait pas (elle qui est née au Laos) et qu’ils avaient été assassinés par les Khmers Rouges. En quelques phrases, elle s’était donc découvert des cousins et les avait perdus tout aussi soudainement…

Avec Cent mille journées de prières, Loo Hui Phang a voulu mettre au cœur d’un récit cette dramatique page d’Histoire du Cambodge, et c’est de manière originale qu’elle a abordé le sujet.

Cent mille journées de prières, c’est d’abord l’histoire du mal-être d’un enfant métis ; mal-être trouvant sa source dans des non-dits auxquels il se heurte et qui l’empêchent de se construire. On en veut à sa mère qui nous apparaît vite comme l’orchestratrice involontaire du problème : son attitude n’est en effet ni responsable ni vraiment honnête vis à vis de son fils. Louis est demandeur d’explications, or elle les lui refuse. Depuis trop longtemps. Et le fait qu’elle pleure dès qu’est abordé le sujet tabou ne peut qu’angoisser son fils et l’enfermer dans ses supputations : c’est une spirale infernale.

A cause du blocage et du silence de sa mère, à cause de la sénilité de sa grand-mère et à cause enfin de la barrière de la langue avec les invités cambodgiens au contact desquels il va être mis, Louis doit essayer de répondre lui-même à ses propres interrogations. C’est pourquoi il va considérer son oiseau (mort) comme quelqu’un à qui parler, à qui poser ses questions.

Pour Louis, c’est un véritable chemin vers la vérité qui est à parcourir. Mais on le voit : il se sent assez mûr pour pouvoir entendre, pour pouvoir comprendre, peut-être même pour pouvoir pardonner. Oui, il est prêt, et c’est dans cette démarche que le lecteur l’accompagne jusqu’à la fin de ce premier livre dont la fin nous promet une suite revenant plus particulièrement et plus précisément sur le destin de son père…

Cent mille journées de prières est un récit dont la narration est pour ainsi dire mise au compte de Louis. Il est l’enfant innocent mais concerné, avide de savoir mais déboussolé car figurant parmi ceux qui ne comprennent pas la langue cambodgienne (importante dans son cas)… Il est faible car sans réel pouvoir sinon celui d’attendre que les grands veulent bien lui parler, et malléable, perméable à tout ce qui pourrait lui faire du bien, mais également à tout ce qui pourrait le blesser intérieurement. C’est donc un récit tout en douceur et tout en délicatesse dont le dessin aux neutres couleurs grises semble avoir vocation à lisser les contrastes qui, s’ils ne devaient pas avoir trop d’impact dans cette première partie "contemporaine", pourraient en avoir beaucoup plus dans la seconde partie qui s’annonce forte et difficile psychologiquement ; mais qu’on attend avec un réel grand intérêt.

L’histoire d’une découverte pour un enfant. La découverte d’une histoire pour le lecteur…
 

Par Sylvestre, le 29 mai 2011

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