Certains l'aiment noir

Cet épais recueil de 288 pages rassemble 48 histoires en noir et blanc qui ne sont malgré tout qu’une sélection des quelques 120 récits écrits et dessinés par Foerster pour Fluide Glacial entre 1979 et la fin des années 90 !

Par fredgri, le 27 février 2014

Notre avis sur Certains l’aiment noir

L’univers de Philippe Foerster est très particulier, voir même dérangeant.
Tout au long de leur publication dans Fluide Glacial ces histoires ont entraîné le lecteur dans des ambiances complètement hors du commun, ou les personnages se changeaient parfois en insecte, voyaient leur tête se séparer de leur corps, ou il pouvaient être dévorés par des maisons, ou les bébés n’étaient parfois que de simples têtes… Vous l’aurez compris, au fur et à mesure des récits on s’aventure sur un territoire aux antipodes de ce que l’on connait habituellement, c’est inquiétant, aux limites de l’horreur. Il y est principalement question de marginaux rejetés par la société à cause de leur différence, de gens ordinaires qui se retrouvent du jour au lendemain en plein enfer… Les histoires sont toutes indépendantes les unes des autres, néanmoins Foerster créé à un moment donné un personnage récurent avec Théodule Gouâtremou, un représentant de commerce qui va traverser plusieurs récits, soit en personnages principal, soit seulement en témoin narrateur.

Les intrigues qui se déroulent devant nous ont cela en commun qu’elles débordent d’originalité. Foerster n’entre pratiquement jamais dans les archétypes les plus grossiers, il tord les codes du récit d’horreur, les prend à contrepied pour nous surprendre. Cependant il n’y a que très rarement d’espoir dans ces récits, c’est sombre tout en glissant de temps à autre quelques petites pointes d’un humour noir assez grinçant. On est marqué par le côté tordu de l’ensemble, on se demande bien ou l’auteur peut-il bien aller chercher ses idées. D’autant que le format court de ses histoires le pousse à un rythme très serré. Malgré tout, c’est justement sa très grande force aussi, cette faculté à ne pas se disperser, à jouer très habilement avec les grandes forces narratives de ses idées, même si parfois il tombe dans la facilité de la non explication, mais tant pis !

Alors bien sur, cet album n’est pas à mettre entre toutes les mains, toutefois, Foerster arrive à garder une certaine dérision tout du long qui permet de ne pas glisser trop rapidement dans l’horreur, au point ou c’en est même assez captivant. Les histoires se succèdent les unes aux autres, le lecteur est pris dans une sorte de tourmente délirante, désarçonné par les excès qui engloutissent les personnages !

Mais cet album "pot pourri" permet avant tout de réhabiliter un auteur qui se fait de plus en plus discret, qu’on aimerait revoir plus régulièrement. Je vous conseille tout de même de redécouvrir son Pinocchio, La Frontière, ses Gueule de bois, Starbuck, Silex Files, Styx (ou il est magnifiquement encré par Andreas)… Des albums atypiques fascinants qui vous prennent aux tripes.
Sa marque de fabrique reste cette incroyable originalité et ce style sans concession qui n’appartient qu’à lui !

Certains l’aiment noir ne laisse pas indifférent, vous serez prévenus !

Pour lecteur averti !

Par FredGri, le 27 février 2014

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