Cesium 137

L’être humain auteur de mort ou victime de la barbarie. Pascal Croci relie au fil des pages le drame d’Oradour-sur-glane, l’horreur d’Auschwitz, Hiroshima, Tchernobyl et les attentats du 11 septembre, cherchant à sonder l’âme humaine face aux plus grandes atrocités de ce siècle.

Par legoffe, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Cesium 137

Toute l’horreur dont peut être capable l’être humain défile devant nos yeux, à travers des témoignages d’époque, des écrits d’historiens ou des citations. Tout cela est rassemblé par Croci à travers le travail d’une journaliste imaginée pour l’occasion et actrice du livre. Elle a pour rôle premier, celui de rassembler ces témoignages et tenter de trouver une explication à ces événements apparemment incompréhensibles pour notre bon sens.

D’esprit, il est question à chacune des pages. Comment un homme en apparences ordinaires peut-il soudain se transformer en tortionnaire et en tueur ? Comment les idées des plus brillants savants de ce siècle peuvent-elles servir les desseins de mort d’autres hommes ? La religion ou la propagande politique ne façonnent-elles pas certains des plus grands drames de l’Histoire ?

Les questions se posent à mesure que les crayonnés saisissants de Croci s’amoncèlent, montagnes de drames et de corps inanimés, qui ne s’effacent que pour laisser la place au visage de leurs bourreaux.

Croci illustre aussi ses propos historiques en reprenant des images issues de classiques du cinéma comme Le bal des vampires ou La Planète des Singes, choisissant ainsi la métaphore graphique au service de messages d’une rare intensité.

La plongée dans ces événements prend ainsi une tournure plus profonde encore, comme si l’auteur avait espéré que toutes ces horreurs ne soient que fiction, avant de redonner soudain un voix retentissante au réel à travers les commentaires de Léni Riefenstahl (cinéaste de Hitler), de Nakazawa (auteur de J’avais six ans à Hiroshima, le 6 août 1945, 8h15) et de bien d’autres.

Croci pose les questions avec beaucoup d’intelligence et de complexité. Nous n’avons pas affaire ici à un récit classique mais à une plongée philosophique qui refuse les tabous. Les images nous frappent en permanence et rendent le lecteur presque K.O.
Abasourdi devant les images et les textes, il ne lui reste plus qu’à tenter de faire la part des choses et à s’interroger sur ses propres forces et faiblesses, gardant à l’esprit que l’humain est capable du pire comme du plus beau. Un livre étonnant, très fort et graphiquement très réussi, qui ne se laisse pas appréhender facilement. Peut-être parce que tout ceci reste bien délicat à admettre.

Par Legoffe, le 28 septembre 2008

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