Ceux qui me touchent

Après quelques années en école d’Art et les petits boulots, Fabien se retrouve à travailler dans un abattoir, tandis que sa femme est infirmière à l’hôpital. Tous deux s’organisent pour s’occuper de leur petite Elisa, qui a 5 ans. Cependant, Fabien en a marre de cette vie ou il n’a finalement plus le temps de penser à lui.
Un soir, il raconte une histoire de princesse à sa fille, cette dernière rajoute des éléments et progressivement le récit s’amplifie. Un peu plus tard, alors qu’il doit aller la chercher à l’école, il croise un cerf qu’il écrase, le même animal qui figurait dans l’histoire. La coïncidence le trouble. Mais le véritable déclencheur c’est lorsqu’un camion vient décharger la cargaison de cochons et que parmi eux il y a un mâle avec un cœur tatoué sur la cuisse, là-aussi, un détail déjà croisé dans la même histoire… Fabien décide de quitter son boulot et de creuser la piste, peut-être est-ce pour lui le moment de voir les signes…

Par fredgri, le 12 août 2023

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2 avis sur Ceux qui me touchent

Neuf ans après Ceux qui me restent, Damien Marie et Laurent Bonneau reviennent pour nous raconter une nouvelle histoire qui prend toujours ses racines dans notre monde actuel. Un couple qui peine à joindre les deux bouts, avec une petite fille entre les deux, un homme qui tente une dernière fois de suivre son intuition, de retrouver la flamme de l’inspiration, de suivre la piste d’une sorte de rêve éveillé.

Cependant, le récit reste très ancré dans un propos social et c’est particulièrement amplifié par les dialogues extrêmement naturels de Damien Marie, ce sens des bonnes formules, de ce côté chaleureux et vivant qui donne l’impression d’être à côté de ces personnages, que quelque part, ils nous ressemblent dans leurs doutes, leurs regards et cette attention qu’ils portent à ceux qu’ils aiment. Et c’est cette « fragilité », cette authenticité sans fard qui rendent cet album captivant, bien plus peut-être que cette histoire de cerf et de cochon tatoué.
Toutefois, c’est intéressant de creuser cette piste, même si elle reste assez peu développée dans l’album, en fin de compte. Fabien se fait attraper par l’illusion d’un vieux rêve qui n’avait jamais réellement disparu, cet espoir que l’Art pourrait tout résoudre, qu’il pourrait venir à sa rescousse, tissant une sorte de passerelle entre l’imaginaire et la réalité. Et même s’il met en péril l’équilibre de sa vie de famille (si peu, finalement), il décide d’aller jusqu’au bout de son idée, de son envie. Qu’importe le temps que ça durera.

On est donc ému par cette vérité qui se dessine progressivement en nous, une parenthèse qui va permettre à Fabien de se redéfinir vis à vis du monde dans lequel il évolue, de retrouver ses marques plus sereinement.

Un album assez troublant pour ce qu’il nous dévoile sur cette société du vide qui nous engloutit inexorablement et sur l’importance de croire, même juste un peu, à ces princesses qui n’en sont pas, qui restent des petites filles curieuses qui posent plein de questions, mais qui ont besoin d’une voix apaisante…

Très conseillé.

Par FredGri, le 11 août 2023

Changer de vie, qui n’y a jamais pensé ? A travers une histoire de vie qui peut sembler banale, des liens se tissent à merveille avec nos propres questionnements. Quelles doivent-être nos priorités ? Comment conjuguer nos idéaux, nos rêves et nos valeurs avec nos besoins, nos contraintes et nos responsabilités ?

Les moments intimes et personnels de cette famille et de ce duo père/fille nous donnent une promiscuité avec le personnage principal, d’autant plus si l’on est parent. Tout nous renvoie à notre propre quotidien, à ces petits moments semblants d’abord insignifiants puis indispensables. Cela nous rappelle qu’il est important de se satisfaire des petits bonheurs, des moments simples, comme ceux que Fabien partage avec sa fille ou ses amis.

Cette BD met aussi l’accent sur des sujets qui fâchent et qui peuvent heurter, la condition animale dans les élevages, le fait de fermer les yeux sur le malheur et la pauvreté de certains ou encore l’épuisement conjugal.

Laurent Bonneau ici, tout comme dans « l’Etreinte » expose un graphisme incroyable, à parfaitement rendre les émotions et les impressions de ses personnages. Le dessin et sa technique nous absorbe de par ses détails et sa capacité à nous surprendre de réalisme, à se laisser aller à la contemplation de la forme. Il permet aux scènes muettes et aux gros plans de nous tenir en haleine.

Les traits sombres se dotent d’une colorisation aux tons changeants et contrastés donnant le ton sur les ambiances.

Les dialogues tout comme le dessin sont authentiques et sans superflu.

La chute de ce roman saura vous surprendre et vous amener à reconsidérer votre point de vue.

Par Maude, le 17 janvier 2024

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