CHAMBRES NOIRES
Esprit, es-tu là ?

Samson Pénouquet est artiste peintre, mais les revenus de son foyer sont plus précisément dus à une petite affaire familiale proposant aux gens d’une part d’entrer, chez lui, en contact avec leurs proches défunts lors d’une séance de spiritisme et, d’autre part (cerise sur le gâteau !), de prendre ensuite la pose pour un cliché photographique sur lequel apparaitront alors, en plus d’eux-mêmes, ces morts avec lesquels ils viennent de converser !!!

Ces photos originales étaient bien entendu rendues possibles grâce à un trucage, grâce à une manipulation que maîtrisaient Lazare et Bertille, muette, tous deux enfants adoptés par Samson Pénouquet. Or, un jour, en plus des spectres attendus sur une photo promise à des clients, un autre est apparu ! Il s’agissait d’une femme dont la photo ornait un médaillon trouvé sur Tristan lorsque lui et sa jumelle Louise ont été, eux aussi, neuf années auparavant, adoptés par Samson Pénouquet…

Tristan et Louise venaient justement de disparaître sans plus donner de leurs nouvelles, plongeant leur famille dans l’angoisse. Mais l’hypothèse de la fugue était écartée, et cette fantomatique apparition se présentait alors comme un premier indice dans une enquête à mener pour la famille Pénouquet sur la disparition des deux enfants.

Après avoir regardé attentivement la série de clichés sur lesquels apparaissait le fantôme de la femme, Lazare en Bertille ont observé que d’image en image, elle leur délivrait un message. La muette Bertille qui savait lire sur les lèvres décrypta qu’il leur était demandé d’aller se venger de quelqu’un surnommé la Salamandre…
 

Par sylvestre, le 21 mai 2010

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Notre avis sur CHAMBRES NOIRES #1 – Esprit, es-tu là ?

Très bonne surprise que ce premier volet de Chambres noires ! Aux éditions Vents d’Ouest, cet album amorce en effet une histoire pleine d’originalités. Oui, originalités au pluriel, les atouts de cette bande dessinée étant multiples et l’intrigue se révélant attractive…

Il y a déjà la composition de la famille Pénouquet qui vaut le détour. Un père artiste, une mère décédée, et une fille, mais aussi plusieurs enfants adoptés, et même d’autres personnes, des adultes, également recueillis ! Pas banal, hein ? D’autant qu’on perçoit que chaque personnage, de par qui il est, aura son importance : les jumeaux disparus, Lazare le technicien photographe, Bertille la muette, Ninon la Pénouquet "de sang", Arsène et Gang l’Asiatique, mais aussi la mère, morte, mais avec laquelle la communication n’est pas vraiment terminée… De nombreuses personnalités, comme autant de leviers qui devront forcément être activés pour que "tout fonctionne" ! Et c’est à ce genre de contexte que l’on mesure qu’un scénario peut être bien conçu s’il s’avère captiver le lecteur, ce qui est le cas avec ce début de série.

Il y a ensuite l’intrigue : cette disparition des jumeaux Tristan et Louise, arrachés in extremis à leur naissance par d’angoissants messieurs en noir qui déjà y étaient pour quelque chose, lorsque leur mère, gagnant sa vie dans une maison close, s’était faite louer pour une nuit complète, conduite dans un endroit inconnu dont elle était revenue enceinte. Aurait-elle été engrossée par le Diable qui souhaitait aujourd’hui récupérer ses rejetons ou bien est-ce à une toute autre chose qu’ il faut s’attendre ? Bien malin celui qui pourrait le dire. Car qui sait, certaines pistes pourraient s’avérer fausses : ce n’est pas parce que Bilgili est ce qu’il est (lisez, vous verrez !) ou que les abattoirs (où les jumeaux disparus allaient chercher du sang prescrit pour eux par leur médecin) sont un endroit mystérieux qu’il faut absolument y chercher tout de suite des indices ! Les choses se mettent en place de belle manière ; on se laisse embarquer dans cette aventure fantastico-burlesque…

Le scénariste Olivier Bleys, par ailleurs écrivain confirmé, a confié la mise en images de cette histoire à Yomgui Dumont. Le dessin de celui-ci donne leur importance aux ambiances du récit, toutes aussi spéciales les unes que les autres, oscillant entre atmosphères dont les maîtres mots seraient froide épouvante, Family Adams, et ingéniosité d’inventeurs fous du début du XIXème… Il donne corps également à ces nombreux personnages qui, même les vivants, ont des corps qui semblent parfois onduler comme ceux des fantômes… Ses couleurs sont étranges, pour certaines, et renvoient à la bizarrerie du récit. Ses planches font suite à une introduction de quelques pages présentant le casting ; intelligente attention pour que le lecteur ne s’y perde pas d’entrée : c’est qu’il y en a, de la marmaille, chez les Pénouquet !

En clair, n’ayez pas peur de cette cloche branlante qui menace les gens sonnant chez les Pénouquet, passez leur porte, et laissez-vous entraîner dans cette excitante enquête qui s’impose à eux… Lisez Chambres noires !
 

Par Sylvestre, le 21 mai 2010

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