champs de bataille
Après la seconde guerre mondiale l’état accélère son projet destiné à redessiner le paysage agricole. Les haies sont rasées afin de favoriser les grandes parcelles, et de garantir une meilleure accessibilité aux engins dans le but d’augmenter les cultures ,produire plus pour une France plus puissante tournée vers l’autosuffisance. Ce sujet, trop peu abordé n’est autre que le remembrement.
Dans ce livre, nous suivons le fruit de 4 années d’investigation d’ Inés Léraud.
Par maude, le 7 janvier 2025
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Scénariste :
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dessinateur :
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Coloriste :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782413075134
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Notre avis sur champs de bataille
/Nous suivons donc une journaliste, Inés leraud, qui au cours de ses recherches, part à la rencontre de témoins du remembrement.
Son enquête permet de mettre à jour une quantité incalculable d’informations et de mettre en lumière la multitude de problèmes que tout cela a engendré.
Tout en présentant les mauvaises conditions par lesquelles ce projet a été mis en place, il aborde aussi les effets qui en ont découlé.
Il s’agissait d’adapter les paysages aux tracteurs dans le but d’accroître la production,
d’intensifier les pratiques et les engrais chimiques.
Cela nous permet d’être éclairé sur toutes les pertes que cela a entraîné face aux objectifs de modernité et d’agriculture intensive attendus.
On y découvre ou en apprend plus sur les grands changements engendrés dans le fonctionnement des fermes, qui en devenant plus grandes, ont écrasé les plus petites, se sont endettées en investissant toujours plus, en passant à la mécanisation des tâches en promettant de diminuer l’effort, en diminuant la main d’œuvre ou encore en divisant la population.
En effet l’auteure met l’accent sur la face sociale du remembrement.
On y découvre entre autre la lutte menée par les paysans réfractaires et ce qu’ils ont du traverser.
En 15 ans prés de la moitié des paysans et des salariés agricoles ont disparu, les querelles de voisinages se multipliaient, .
Les dégâts n’ont pas seulement été environnementaux mais aussi humains et sociaux, modifiant les relations, formant des clans, menant parfois au suicide et à l’isolement, telle une guerre méconnue ou oubliée.
Leurs pommiers volés, redistribués ou détruits , pour certain c’était tout ce qu’il possédaient, leur source majeure de revenu. L’attachement des paysans à leurs petites terres, le côté sentimental, l’amour de leurs bêtes, vaches ou chevaux, tous ont payé le prix d’une décision volée..
En ce qui concerne la face environnementale du remembrement ce fut un vrai désastre écologique
un fléau dans le paysage, devenu nu, plat et sans vie.
Combien d’année faudra t’il pour réparer ce qui a été détruit ? Les ravages sur la biodiversité et l’ écosystème étaient démesurés.
Prenons l’exemple de l’érosion des sols. Entraînant la diminution des oiseaux, elle entraînait évidemment l’augmentation des insectes, et donc le besoin en insecticides, ce n’est qu’un petit aperçu des cercles vicieux qu’il seront ensuite bien difficiles à contrer.
La modernité était mise en avant, il est toujours d’actualité que de questionner ce qu’est réellement le progrès !
Regardez pour beaucoup l’agroforesterie apparaît comme quelque chose de novateur alors qu’elle existait déjà bien avant le remembrement.
Tous ces témoignages, ces présentations de figures précurseuses ou fondatrices, toutes ces données sont habillement présentées.
La présentation de ce sujet trop oublié ou trop peu décrit, fait de cette BD une bibliothèque de réponses et de découvertes magnifiquement et précisément présentées.
Le graphisme colle parfaitement au sujet, tant la colorisation faite de tons verts, jaunes et rouges, que la découpe des pages, les planches me faisant par exemple penser aux cadastres et plans.
Pierre Van hove s’est tout de même permis certaines planches, moins terre à terre, plus imaginées, pour mon plus grand plaisir, puisque je les ai trouvées très belles et parlantes.
Tout est parfaitement présenté tel un reportage, ce qui donne une bonne dynamique de lecture.
Les archives et planches storyboardées offertes en fin d’ouvrages sont impressionnantes,
Ce deuxième Opus, liant Inés Léraud et Pierre Van Hove, est à la hauteur de leur premier, « algues vertes ». Il remet à jour un épisode historique pour mieux lever le voile sur des sujets actuels.
Par Maude, le 7 janvier 2025
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