Charly 9

En août 1572, alors que les tensions religieuses sont à leur paroxysme, le roi de France Charles IX reçoit la requête fortement pesante de sa redoutable mère, Catherine de Médicis, et de ses conseils afin de leur donner son autorisation pour éliminer nombre de personnalités protestantes gênantes. Face à la pression collective, le monarque ordonne l’épuration demandée qui va déboucher quelques heures plus tard sur le terrible massacre de la Saint-Barthélémy. Face à ce spectacle désolant qu’offre la rue jonchée de cadavres, la raison de Charles IX vacille progressivement au point que ce dernier se voit progressivement envahi par la couleur rouge, celle du sang. Peut-être que le fait de changer d’air, comme le lui suggère son médecin Ambroise Paré, lui permettrait de se revigorer et par là même de redorer son blason face à ses sujets fortement contrits?

Par phibes, le 28 novembre 2013

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Notre avis sur Charly 9

Richard Guérineau s’est taillé une solide réputation de dessinateur depuis sa participation dans la grande saga fantastique Le Chant des Stryges avec Eric Corbeyran. Aujourd’hui, après avoir illustré le 5ème opus de XIII Mystery, il revient sur le devant de la scène pour nous présenter l’adaptation en bandes dessinées d’un ouvrage écrit par Jean Teulé, artiste multi facettes, qui a l’avantage d’avoir débuté sa carrière dans le 9ème art et d’avoir déjà été adapté à plusieurs reprises ( Le Montespan , Le Magasin des Suicides, Je, François Villon…).

Le choix s’est donc porté sur Charly 9, roman historique comico-tragique ayant trait à la dernière partie du règne très court (14 ans) de ce roi de France ô combien fragile et peu enclin à assumer la charge qui lui était dévolue. Pour cela, Richard Guérineau use de tout son savoir-faire pour nous introduire auprès de la cour de ce monarque qui, dès le départ, va ordonner une tragédie marquant à la fois son règne et son esprit. En effet, grâce à un parterre de personnages célèbres et à un découpage pour le moins rythmé, conforme à l’œuvre originale, l’artiste nous gratifie d’une lecture pleinement captivante en s’attachant à suivre le personnage principal dans une descente aux enfers incroyable, dans des effets habilement contrastés, partagés entre cocasserie, folie et absurdité dramatique.

Il va de soi que le contexte historique relaté, très inspiré, n’engendre certainement pas la joie de vivre mais permet de camper un personnage qui n’est pas à la bonne place et qui va subir son destin. Force est de constater que le récit se veut porter non pas par un mais par plusieurs effets de styles. En effet, le dessinateur adaptateur nous régale des ses ambiances picturales qu’il dispense à chaque chapitre. Tantôt portée par un séquençage cinématographique, tantôt par un découpage plus classique, la mise en image, formidablement claire et précise, tangue entre dessin superbement modelé et plans plus épurés. A cet égard, la palette de l’artiste est très diversifiée et prouve ainsi le talent de celui-ci, conforté par un jeu de couleurs exceptionnel marquant la base de la folie du protagoniste royal. A ce propos, on saluera les accents décalés du graphisme qui, de manière éphémère, lorgnera vers celui de Peyo (clin d’œil à Johan et Pirlouit) ou vers celui de Morris ( Lucky luke – Western Circus).

Un ouvrage de grande qualité, excellemment décalé, à la fois léger et cruel, qui à l’avantage de mettre en exergue le remarquable roman de Jean Teulé, le talent graphique et adaptateur d’un Richard Guérineau en pleine forme artistique et le personnage historique au piètre souvenir, Charles IX. A lire absolument !

Par Phibes, le 28 novembre 2013

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