CHÂTEAUX BORDEAUX
Le Domaine

Cette nouvelle saga signe un nouveau rapprochement des deux auteurs émérites que sont Eric Corbeyran et Espé. Ces derniers se connaissent particulièrement bien puisqu’ils ont en commun plusieurs albums (voir les séries Le territoire, Le 3èmeOeil, ou encore l’adaptation de Sept jours pour une éternité, ou encore leur participation à la saga Destins).

Avec ce premier tome à l’intitulé explicite et à la couverture qui ne l’est pas moins, l’on comprend qu’Eric Corbeyran a décidé d’éluder toute fantaisie pour se lancer dans un sujet réaliste, tout à fait contemporain et assurément passionné. Pour cela, il nous invite à la découverte d’une région française, le Médoc, connue essentiellement pour la qualité exceptionnelle de son vignoble. Et sous le couvert de ce terroir, à l’appui de nombreux conseils de spécialistes, l’auteur nous entraîne dans l’histoire, certes fictive mais peu éloignée d’une certaine authenticité, de l’un de ses domaines celui des Baudricourt.

Force est de constater que cette ouverture se veut des plus engageantes et nous plonge dans les prémices d’une aventure familiale. Cette dernière n’est pas loin de rappeler celles des Maîtres de l’Orge ou, par ailleurs, de Flor de Luna, à la différence près qu’elle se déroule de nos jours avec toutefois des ramifications dans le passé. Pour porter cette histoire, Eric Corbeyran a choisi Alexandra, une jeune femme particulièrement volontaire qui va s’immiscer dans un univers qu’elle ne connaît que très peu et qui va lui faire connaître un envers du décor peu facile. Assurément, le début de cette équipée n’échappe pas à un certain conventionnalisme mais demeure d’un bout à l’autre entreprenant par la qualité de l’intrigue qui ne tarde pas à poindre autour des mémoires de l’ancien propriétaire de l’exploitation du "Chène Courbe" et des malversations gravitant autour du fameux domaine. De même, on sera captivé par la ferveur dans laquelle le scénariste nous immerge eu égard à la culture du vin, subtilement évoquée au travers des méthodes de conception ou de dégustation.

Au niveau des dessins, on reconnaîtra qu’Espé se complaît dans un réalisme qui lui sied complètement. En grand renfort documentaire, ce dernier produit une mise en image du monde de la viticulture particulièrement réussie, grâce à des représentations d’intérieurs de domaines superbement bien choisies. Côté personnages, son travail est également conséquent, ces derniers bénéficiant d’une effigie et d’une expressivité pour le moins agréables.

Un premier volet qui se veut bien enivrant, qui donne envie d’y goûter d’avantage.

Par Phibes, le 23 avril 2013