CHEVALIER ARDENT INTEGRALE
Volume 1

Le Chevalier Ardent est créé en 1966 dans les pages de Tintin par François Craenhals. Ce dernier est alors surtout connu pour sa précédente série les 4As qu’il dessine à partir de 64 (alors qu’il en a illustré les 6 romans initiaux) et qui fait déjà un tabac. Le Chevalier Ardent s’aventure pourtant sur d’autres territoires que la bande des jeunes détectives ados, ici nous sommes en plein moyen-age, les duels, les batailles, les mission de sauvetage…
Dès le départ le schéma est calqué sur celui de Prince Valiant de Hal Foster, avec malgré tout une petite touche bien plus franco belge, l’imperfection qui pointe régulièrement le bout du nez. Car voilà, dès sa première apparition Ardent s’emporte, crie vengeance car on a aiguisé sa susceptibilité, il fonce sans réfléchir, n’hésite pas à s’opposer à des adversaires bien plus puissants, quitte ensuite à se retrouver à terre ! Le jeune homme n’est donc pas un calme réservé, loin de là. Craenhals surcaractérise peut-être trop son personnage qui du coup peine à trouver du relief dans le premier album. C’est un sang chaud qui néanmoins va rapidement se calmer devant les beaux yeux de Gwendoline, la fille du roi Arthus. Toutefois, avec la suite son caractère s’affine progressivement, le jeune homme se construit sous nos yeux !

Avec ce premier volume restauré et agrémenté d’un dossier introductif passionnant, qui revient sur les origines du personnage, sur ses premières aventures en les commentant, nous entrons donc dans une série qui est vite devenue l’une des plus passionnante du journal Tintin, voir même du paysage de la BD FB des années 60/70. Les scénarios sont captivants, avec une multitude de rebondissements, et un ton qui échappe quelque peu à un traitement plutôt naïf dominant à l’époque. Alors certes cela reste de l’aventure tout public, qui ne se veut pas nécessairement une série historique, on est dans de la fiction, régulièrement ponctuée par quelques petites incohérences, mais le dessin évolue très vite, laissant au bout de quelques pages, derrière lui les premières planches plus hésitantes. La narration est extrêmement fluide et le scénariste/artiste ne charge pas non plus les dialogues. C’est vraiment très prenant.

On ne peut donc pas éviter la comparaison avec son prestigieux grand frère américain, d’autant que comme Valiant Ardent évolue lui aussi au fil des albums, il grandit, affine se technique de combat etc. Mais cela serait injuste de ne voir que ça, car c’est avant tout une très bonne série. Je vous conseille vivement ce premier volume qui a le mérite de faire redécouvrir une série indispensable, avec un personnage réellement moins lisse que Valiant, même si ses tendances au manichéisme sont de plus en plus flagrantes !

(Puis accessoirement les autres volumes vont assez vite suivre, alors ne loupez pas cette très belle occasion !)

Par FredGri, le 6 novembre 2013