Chiens de fusil

A Belfast, Dermot Doherty pourrait être un élève de la Royal School of Art fort apprécié si sa famille n’était pas d’origine catholique et si cette dernière, et plus particulièrement son frère Denis, ne s’étaient pas engagés aux côtés de l’I.R.A. dans des actions contre les protestants. Dénigré par nombres de ses collègues étudiants et par son professeur d’anatomie, il parvient toutefois à se lier d’amitié avec Stephen Molloy, jeune irlandais protestant. Ce dernier, à l’insu de son père, fréquente assidûment Dermot jusqu’à qu’il rencontre incidemment Denis qui, dès lors, le précipite dans une spirale radicale et infernale.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Chiens de fusil

Ce one-shot est un témoignage poignant sur les tensions intestines que connaît l’Irlande du Nord depuis la guerre d’indépendance de 1919 et plus particulièrement sur les divisions fanatiques religieuses entre protestants et catholiques produites à partir de 1960. Pour les besoins de son ouvrage, Christian Lax s’est donc accaparé une partie de l’histoire chaotique de ce petit territoire dépendant du Royaume-Uni pour nous plonger das un contexte de guerre civile qui nous permettra de croiser la destinée tragique des familles Doherty et Molloy.

Collant parfaitement à l’ambiance effroyable des quartiers de Belfast secoués par de forts mouvements populaires et également d’attentats sanglants, le récit s’étale sur six époques charnières au cours desquelles le jeune Dermot Doherty va se trouver confronté à des évènements forts qui vont orienter son existence, au gré des exactions terroristes de son frère.

Au travers de faits véridiques, Christian Lax nous fait toucher du doigt le degré d’attachement doctrinaire des catholiques à la cause nationaliste qui n’hésitent pas à sacrifier des vies au nom de leur idéologie dans des luttes qualifiées par l’auteur de combats de chiens. Il nous montre la rudesse des engagements, leur caractère impitoyable, sans perspective de lendemain. Dermot Doherty tout comme son ami Stephen Molloy sont pris dans un engrenage qui semble ne laisser que deux solutions : la mort ou la fuite.

Les graphiques de Christian Lax servent à merveille les faits ensanglantés grâce à leur côté réaliste que l’on a pu apprécier précédemment dans entre autres "Les oubliés d’Annam". Le découpage est efficace, les plans choisis reflètent parfaitement le désarroi des concernés et l’atmosphère de haine que peuvent entretenir les deux camps. L’évolution physique des personnages au fil des périodes est bien menée.

En fin d’ouvrage, un petit carnet de croquis représentant celui sur lequel Dermot Doherty a travaillé, est annexé et permettra d’apprécier à juste titre la valeur descriptive des graphiques exécutés.

"Chiens de fusil" est un bien bel album qui a le mérite de se questionner sur ses affrontements idéologiques sanglants bien impopulaires. A lire ou à relire.

Par Phibes, le 20 février 2009

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