CHRONIQUES DE LA LUNE NOIRE
Intégrale 1

Erigée par certains au rang d’incontournable de la bande dessinée, fustigée par d’autres qui y voient l’expression d’un mauvais goût synonyme de populaire, Les Chroniques de la Lune Noire est une série qui a divisé – et cela sans compter les amateurs de la première heure qui au fil de quatorze tomes et dix-neuf ans, las, ne sont pas restés fidèles jusqu‘au bout. Mais qu’en est-il aujourd’hui en 2012 ? Retour en 1989, 1990 et 1991 avec les trois premiers volets de la série au programme de cette intégrale.

Dès les premières pages avec la scène de l’empalement d’un lapin à la lance, le ton est donné : il sera baroque. Mais très vite Froideval laisse transparaître ses limites comme scénariste. Recours incessant à une voix off expéditive, personnages trop souvent qu’esquissés, trame narrative nébuleuse et coups de théâtre toutes les deux pages. Dès lors les coutures sont apparentes et si on a tendance à ne voir qu’elles, reste qu’elles possèdent tout même un certain charme puisé dans cette impression que l’auteur a rédigé son texte d’un seul souffle. Froideval ancre son récit dans une dimension « shakespearienne flamboyante » qui, frôlant constamment le grotesque sans pour autant y sombrer, est sauvé par la générosité et l’enthousiasme communicatif de l’auteur. Premiers pas d’Olivier Ledroit, on pressant ce que son style deviendra plus tard avec les très bons Xoco (scénario de Thomas Mosdi) et Sha (scénario de Patt Mills). Et si on excepte quelques maladresses, sa richesse graphique permet à ces premiers tomes des Chroniques de la Lune Noire d’emporter la mise auprès de ses lecteurs.

Résolument mauvais genre (et non mauvais goût), Les Chroniques de la Lune Noire est une saga fleuve qui ravira les amateurs de récits tourmentés où s’affrontent les desseins des écuries des ténèbres et de la lumière, toutes deux aussi gangrénées l’une que l’autre.

Par melville, le 1 juin 2012