CHUTE (LA)
LES PRISONS DE CHAIR

« La Chute » est ce qu’il convient d’appeler une uchronie*. Une histoire romancée collant au plus près possible de la réalité macro historique, mais très romancée dans la conception des personnages, des situations, des relations entre les protagonistes… Un soin méticuleux a été apporté dans la restitution du contexte historique. Les personnages, les lieux, les dates sont d’une précision rigoureuse, le tout étant cautionné par une équipe d’historiens.
Mais « La Chute » ne se contente pas d’être un banal roman historique. Il s’agit d’une oeuvre très ambitieuse. Dans la narration tout d’abord, et la montée dramatique des événements. Chaque personnage est acteur d’un drame quasi-classique, et tous tendent vers un destin tragique et historique. Comme dans les meilleurs récits de ce type, et presque du niveau de ma référence en la matière, « 300 », tout concourt à rendre l’Histoire passionnante grâce à une histoire très bien maîtrisée. Tellement maîtrisée qu’elle requiert une attention sans faille : impossible de lire « La Chute » en étant distrait, il faut prendre le temps de saisir chacune des expressions, chaque situation et chaque destin.
J’en profite pour remercier les auteurs de nous avoir épargné le pseudo vieux-françois, jargon tout droit issu des visiteurs et pas du tout du Moyen Age, que nous servent bien des auteurs en guise d’authenticité de bazar. Ici la langue est moderne, les dialogues efficaces et construits.
Quant au trait, il est à l’image du scénario : ambitieux, fouillé, exigeant pour le lecteur. Les couleurs sont magnifiques et très profondes. Les couleurs directes font de chaque scène un feu d’artifice aux tonalités variées, parfois risquées au niveau de l’harmonie mais complètement en phase avec l’histoire.

« La Chute » est une série exigeante, prévue en deux tome, que je suis heureux d’avoir su apprivoiser tant elle est enrichissante et captivante. Vous laisserez-vous tenter par l’expérience ?

* Reconstruction de l’histoire d’une période, à partir de données supposées, hypothétiques, fictives; en d’autres termes, conception de l’histoire qui prétend la reconstruire ou réécrire, non telle qu’elle fut en réalité, mais comme elle aurait pu ou dû être. L’uchronie n’est qu’une œuvre d’imagination, une pure création de l’esprit.
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Par TITO, le 11 janvier 2005