Cinq mille kilomètres par seconde

Piero et Nicola sont deux ados vivant en Italie. Le premier est bon élève et réservé, l’autre est séducteur et pas très doué pour les études. Par cette belle journée d’été, ils observent Lucia, la jolie voisine… Quelques années plus tard, elle se retrouve en Norvège. Mais elle est toujours en contact avec Piero…

 

Par Arneau, le 7 février 2011

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Notre avis sur Cinq mille kilomètres par seconde

Raconter l’histoire de trois personnages étalée sur plus de vingt ans est le défi qu’à tenter de relever l’auteur italien Manuele Fior. Plutôt que de suivre les personnages au quotidien, l’auteur nous expose leurs vies en quelques scènes clés. Par un jeu d’ellipses parfaitement maîtrisé, le lecteur survole la destinée des trois personnages à travers leurs voyages. Les longues scènes très justes et d’une grande sensibilité, nous font rentrer au plus profond de la psychologie des personnages. L’auteur parvient à nous émouvoir sans jamais tomber dans le sentimentalisme et la confusion des protagonistes est particulièrement touchante.
Cette chronique amère et lucide s’attarde également sur l’influence que peuvent avoir les distances, de lieu et de temps, sur les personnages et leurs relations. Partir loin de chez soi est synonyme de liberté mais la perte des attaches qui en résulte peut aussi avoir des conséquences. Lucia et Piero en font la douloureuse expérience en ne se sentant jamais vraiment chez eux, où qu’ils soient. L’auteur s’amuse d’ailleurs à augmenter d’ailleurs la sensation d’instabilité en truffant son récit de véhicule en mouvement (voiture, bateaux, trains…).
Une grande mélancolie émane de ce récit et la qualité graphique de cet album contribue grandement à créer ce sentiment. Le dessin tout en aquarelle est très évocateur et chaque scène est marquée d’une couleur dominante pour bien faire le distinguo. L’auteur n’hésite pas à s’attarder sur les paysages et nous livrent de magnifiques planches.
Après seulement quatre albums, Manuele Fior fait preuve d’une maîtrise de la narration bluffante et la justesse des sentiments qu’il dépeint fait de cet album une très belle réussite. L’album a reçu le prix du meilleur album 2010 au FIBD et on comprend aisément pourquoi !

Par Arneau, le 7 février 2011

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