CITES OBSCURES (LES)
Livre 3

Sept mois après le second volume, nous découvrons avec plaisir la suite des récits se passant dans ces mystérieuses Cités Obscures !
Un troisième opus sous le signe de la maladie, de l’angoisse, de la différence ! Les personnages sont complètement en marge de leur monde, il souffrent d’un mal qu’ils ne comprennent pas et duquel il n’est visiblement pas possible de s’échapper…
Bien au delà de se cantonner à la ville, de servir de prisme révélateur, les protagonistes nous dévoilent ici toute la singularité de cet univers dans lequel se glissent régulièrement des fragments de notre propre monde qui le griffent, qui le contaminent. Mais derrière ces travers, qu’il s’agisse de Mary, d’Augustin ou d’Albert, ils nous révèlent notre propre regard sur les autres, sur nous même !

Benoit Peeters nous propose des récits complexes, à plusieurs niveaux de lecture, qui dépassent le cadre des cités pour revenir sur l’intimité des personnages, sur le minuscule entouré des architectures spectaculaires ! C’est résolument fascinant de s’immerger dans ces planches complètement transcendées par le trait de Schuiten, alors au sommet de son art.
Une extrême précision, un traitement des ombres, des hachures qui sublime la moindre case !
Toutefois, avec ce volume, on prend bien conscience qu’il ne s’agit pas seulement d’un univers du paraître, du fabuleusement visuel, il y a une fantastique profondeur derrière les concepts de Peeters et Schuiten, des idées particulièrement riches et porteuses de messages. En contre partie, je trouve que le propos se crypte petit à petit, surtout dans "L’Enfant penchée"…

Les Cités obscures c’est un univers complexe, nourri d’une multitude de références à notre monde, notamment sur le plan architectural, les villes mises en scène s’inscrivent peut-être dans un univers parallèle, mais elles sont surtout un regard porté sur notre société, sur notre façon de concevoir une ville et sur le sens que ces cités vivantes prennent à nos yeux.
Ce troisième Livre étend donc cet univers, nous recroisons des personnages déjà apercus. Ces villes magnifiques aux architectures mêlant Art Nouveau et modernisme futuriste nous emportent dans la vision d’un univers qui s’élève, qui habite l’espace, qui transcende l’humain, réduit à la taille d’une infime fourmi…
Mais surtout, il est fait mention de date (747, après La Tour), ce qui permet de mieux situer les différentes étapes de ce cycle des Cités Obscures !!!

C’est un vrai plaisir de tourner les pages les unes après les autres, transporté bouché bée dans ce monde fantasmagorique…
Vivement la suite et fin, en mars prochain…

Une lecture absolument indispensable !

Par FredGri, le 21 décembre 2018